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dimanche 10 avril 2022

France 2022, le jour d'après

Bonjour,

Voici un court bilan de la performance des sondages de 1er tour. D'abord quelques précisions. 

Je fais l'analyse de la performance de l'ensemble des sondages sans évaluer la performance des instituts pris individuellement. Pourquoi? Le hasard fait parfois mal les choses. Des instituts qui ont fait leur travail en respectant les normes les plus sérieuses pourraient se retrouver avec de mauvaises estimations, par mauvais hasard, et à l'inverse un institut qui "tourne les coins ronds", s'il existe, pourrait se retrouver avec de bonnes estimations, par chance. Ce type d'évaluation est donc sujet à caution.

Deuxième précision, la seule manière de vraiment évaluer la performance des sondages demande de faire un sondage post-électoral auprès des répondants du sondage pré-électoral. C'est ce que nous avons fait, André Blais et moi-même pour l'élection québécoise de 2018 dans l'article suivant. Cela nous a permis de démontrer que les estimations n'étaient pas mauvaises. C'était plutôt des changements importants dans les intentions de vote dans les derniers jours de la campagne qui expliquaient les différences entre les estimations et le vote.

Voici donc le graphique de l'évolution des intentions de vote de l'élection présidentielle française de 2022 comparées au résultat publié après comptage de 97% des votes. La marge d'erreur des analyses produites est très petite étant donné le nombre de sondages pris en compte et en conséquence, le nombre total de répondants. 

Le graphique montre que les appuis aux deux candidats de tête sont très bien estimés. Par contre, pour les trois autres candidats, les prédictions sont assez mauvaises. L'appui à Jean-Luc Mélenchon a été sous-estimé de près de 4 points en moyenne. Les instituts lui ont accordé de 16% à 18%, il a obtenu près de 22%. De la même manière, l'appui à Valérie Pécresse a été estimé entre 7% et 9,5% alors qu'elle n'a  pas obtenu 5%. Finalement, l'appui à Éric Zemmour a été estimé entre 8% et 11% alors qu'il a obtenu 7% du vote. On peut donc conclure que l'appui à ces trois candidats a été mal estimé globalement. C'est par ailleurs uniquement pour ces candidats qu'il y avait des différences significatives entre certains instituts.

En conclusion, étant donné les mouvements dans les intentions de vote dans les derniers jours de la campagne, il est possible qu'il y ait eu des mouvements de dernière minute qui expliqueraient les mauvaises estimations pour Mélenchon, Pécresse et Zemmour. Seules des recherches plus poussées permettraient de conclure définitivement sur cette question. Il est à espérer que certains instituts -- en plus de l'enquête électorale française menée par le CEVIPOF -- feront la collecte de ces informations, ce qui permettrait éventuellement d'améliorer si nécessaire les méthodologies utilisées.

Un dernier mot sur les estimations de la firme Cluster17 qui a fait l'objet d'avertissements de la Commission des sondages. Ses estimations se comparent à celles des autres firmes. Elle a une estimation légèrement plus élevée pour Mélenchon -- qui a été sous-estimé en général -- et pour Zemmour -- qui a été surestimé, mais la différence n'est pas énorme (1-3 points).

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