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mardi 2 octobre 2018

Lendemain de veille

Bonjour,

Pas possible de se mettre la tête dans le sable ce matin. Les sondages se sont trompés gravement. Le Parti Libéral du Québec (PLQ) a obtenu 25% des votes alors que les sondages lui prévoyaient un appui de 30% en moyenne.  La Coalition Avenir Québec (CAQ) a obtenu 38% soit cinq points de plus que ce que lui était prédit. Au final, la somme des erreurs pour les deux principaux partis est de 10 points, soit le même niveau que l'erreur historique des sondages en Colombie Britannique en 2013 mais quand même moins pire que l'erreur des sondages en Alberta en 2012 (17 points). Notons que dans les trois cas, les deux partis de tête sont du même côté du spectre politique ou relativement proches (Wild Rose et Parti Conservateur en Alberta, NPD et Parti Libéral en Colombie Britannique).

Le graphique montre les prédictions des sondages comparées aux résultats de l'élection. Il montre l'écart important entre les sondages et les résultats pour les deux partis de tête. Par contre, pour ce qui est du Parti Québécois (PQ) et de Québec Solidaire (QS), la prédiction est tout à fait dans la marge d'erreur.

Et les discrets?

Cette élection est sans doute la dernière où l'on aura pu parler de la sous-estimation du PLQ et de la nécessité de faire une répartition non-proportionnelle des discrets. D'une part, le PLQ n'a pas été sous-estimé. D'autre part, pour QS, en se basant sur les élections précédentes, ma répartition prédisait une surestimation et corrigeait en conséquence. Or QS n'a pas été surestimée. Ma répartition avait aussi pour effet d'accorder un plus fort appui au PQ. Là encore, ce n'était pas nécessaire. Ceci dit, comme les sondages faits par IVR (téléphone automatisé) ont très peu d'indécis, la répartition changeait surtout les résultats des sondages WEB ou WEB combiné avec téléphone.

Que penser? L'absence de surreprésentation de Québec Solidaire pointe peut-être vers une mobilisation différente de l'électorat (comme dans l'élection de Obama en 2008). Il faut se rappeler que chaque élection peut mobiliser des électeurs différents. En 2014, ce sont les non-francophones qui avaient été mobilisés par la Charte des valeurs proposée par le PQ. Cette fois-ci, on peut penser que les jeunes ont été plus mobilisés. Les analyses du DGEQ nous permettront de voir si cette hypothèse est validée. Toutefois, ces explications ne sont pas suffisantes pour expliquer l'ampleur de l'écart entre les sondages et le vote.

En conclusion

Historiquement, chaque erreur des sondages a permis de les améliorer, ceci évidemment à condition que l'on se retrousse les manches pour tenter de comprendre les raisons de l'échec, sur le plan technique et possiblement sur le plan politique. Y a-t-il eu des changements dans l'électorat dont les firmes n'ont pas pu tenir compte? Les erreurs sont-elles plus susceptibles de se produire quand deux partis sont proches? Les échantillons sont-ils représentatifs de la population socio-politiquement? Une enquête indépendante à laquelle les sondeurs collaboreraient serait certainement une bonne chose dans les circonstances. A défaut d'une telle enquête, on s'attend à ce que les sondeurs analysent la situation et nous reviennent avec leurs conclusions.