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vendredi 17 juin 2011

Les raisons d'un vote

La “vague orange” qui a déferlé sur le Québec lors de l’élection fédérale du 2 mai dernier a étonné nombre de chercheurs et de chroniqueurs. Certains ont même parlé de vote “léger” ou incompréhensible de la part des Québécois. Toutefois, les récents sondages ont montré que les Québécois maintiennent des intentions de vote similaires à leur vote du 2 mai. Entre temps, d’autres événements sont survenus, entre autres au Parti Québécois, qui rendent encore plus impératif de comprendre ce qui s’est passé le 2 mai, y compris l’impact possible de la progression du NPD sur la suite des choses. Nous avons mené une enquête post-électorale auprès des répondants à l’enquête par panel Internet de Crop, celle-là même qui avait “annoncé” que le NPD passait devant le Bloc Québécois dans les intentions de vote le 21 avril dernier. Des 1000 répondants d’origine, 715 ont collaboré à l’enquête menée entre le 18 et le 31 mai. Nous leur avons demandé quel avait été leur vote en 2011 et en 2008, et quelle était la principale raison qui expliquait leur vote de même que l’influence des sondages sur leur décision. Ce sondage comprend également des informations sur l’appui à la souveraineté et le vote au provincial. Comme il s’agit d’un échantillon non probabiliste toutefois, les résultats doivent être interprétés avec prudence et demanderaient à être validés. J’ai pondéré les résultats pour qu’ils reflètent le vote effectivement enregistré le 2 mai.

Qui a changé? Quand? Pourquoi?


Les données permettent de dégager une typologie des voteurs selon leur vote en 2008, leur intention de vote avant le 21 avril et leur vote final. Les stables, soit ceux qui ont déclaré avoir voté de la même manière en 2008 et en 2011 et qui avaient également l’intention de voter pour le même parti durant la campagne ne constituent que 27% de l’ensemble des répondants. Près de la moitié d’entre eux sont des électeurs du Bloc. En fait, le Bloc n’a fait aucun “recrutement”: les Bloquistes de 2011 avaient presque tous voté pour le Bloc en 2008. Ils se démarquent par une volonté de défendre les intérêts du Québec, par une auto-identification comme souverainiste et par un vote guidé par l’habitude: “j’ai toujours voté pour le Bloc”. Les voteurs stables NPD, quant à eux, se distinguent par une volonté de changement, les stables Conservateurs par leur appréciation du gouvernement Harper et enfin, les stables Libéraux par un appui à un candidat.

Passons maintenant aux transfuges vers le NPD. Lors du sondage de mi-campagne, environ le tiers des répondants qui avaient voté pour le PC ou pour le PLC en 2008 indiquaient vouloir voter NPD contre moins de 20% des Bloquistes. Plus de Bloquistes semblent donc être passés au NPD tardivement, après que les sondages aient indiqué la progression du NPD, puisque, au final, les trois partis apparaissent avoir perdu environ le tiers de leur électorat de 2008 au profit du NPD. La volonté de changement est invoquée par le tiers des transfuges, ce qui est attendu. Au-delà de cette volonté toutefois, ils sont à peu près aussi nombreux (10% à14% pour chaque raison) à expliquer leur vote par une appréciation du chef du NPD, par les idées du parti et par une approche critique de l’utilité du Bloc. Les commentaires font état d’un ras-le-bol des propos négatifs et de la “chicane”, de l’impression de tourner en rond, d’une appréciation de la campagne positive menée par le NPD, d’une perception de Jack Layton comme près des gens “ordinaires” et de leurs préoccupations. Seuls 7% ont fait état d’une volonté de “bloquer Harper” et 3% ont mentionné le candidat (contre 10% chez les stables et les autres).

Qui sont donc ces transfuges qui sont passés au NPD? On aurait pu croire que ce sont les jeunes qui ont décidé d’aller voter. Les données de l’échantillon -- rappelons qu'il s'agit de volontaires internautes qui peuvent avoir des caractéristiques spécifiques -- tendent à montrer qu’il n’en est rien. Les 55 à 64 ans, cette première génération des baby boomers, semble encore mener le bal puisque c’est dans ce groupe que se retrouve la plus grande proportion de transfuges et d’électeurs NPD. Les jeunes quant à eux se caractérisent surtout par la non-participation et l’indécision.

Et les sondages?

Plus des trois quarts des répondants affirment avoir vu ou lu des sondages durant la campagne et les deux tiers des répondants affirment que les sondages sont une assez bonne chose (50%) et même une très bonne chose (13%) pour les électeurs. Ces résultats sont similaires à ceux d’autres analyses que nous avons effectuées dans les élections précédentes. Parmi ceux qui ont lu les sondages, 25 pour cent estiment que ces derniers ont influencé leur décision, la rendant soit plus facile (17%) ou plus difficile (8%) à prendre. C’est particulièrement le cas pour ceux qui ont finalement voté pour le NPD – ils sont 28% à dire que les sondages ont rendu leur décision plus facile à prendre – et pour ceux qui ont voté pour le Parti Libéral, qui considèrent quand à eux que les sondages ont rendu leur décision plus difficile à prendre (24%). En résumé, le vote pour le Parti Conservateur et pour le Bloc semble avoir été plus basé sur les convictions alors que celui pour le NPD ou le PLC était plus stratégique et lié à la campagne elle-même.

Et la souveraineté?

Dans l’échantillon, plus du tiers des répondants (41% de ceux qui se prononcent) disent qu’ils voteraient Oui à un référendum sur la souveraineté alors que près de 20% disent qu’ils annuleraient, qu’ils ne savent pas comment ils voteraient ou refusent de répondre. Le tiers seulement de ceux qui disent qu’ils voteraient Oui à un éventuel référendum affirment avoir voté Bloc, un autre tiers affirme ne pas être allé voter et près de un sur quatre affirme avoir voté NPD. Si on croise le vote déclaré aux élections provinciales de 2008 avec le vote fédéral de 2011, il ressort que la moitié de ceux qui disent avoir voté pour le Parti Québécois a voté Bloc et un tiers a voté NPD comparativement à 38% de ceux qui disent avoir voté pour le PLQ et 45% de ceux qui disent avoir voté pour l’ADQ. Le quart de ceux qui disent avoir voté pour le PLQ disent avoir voté pour le PLC et le quart de ceux qui disent avoir voté pour l’ADQ disent avoir voté pour le PCC.

En conclusion, les résultats font apparaître ce que certains appellent une volatilité de l’électorat, moins forte dans l’électorat souverainiste, mais quand même très présente. Les raisons invoquées pour expliquer le vote nous informent sur le fait que les électeurs peuvent avoir des raisons variées de voter pour un parti. Les idées du parti et les candidats présentés constituent une part minime des principales raisons mentionnées. La question nationale constitue un enjeu majeur pour expliquer le vote pour le Bloc mais pour l’ensemble des autres électeurs, la volonté de changement ou de stabilité, le chef et le type de campagne menés ainsi que la volonté de bloquer, soit le Bloc, soit le parti Conservateur sont autant de motivations qui peuvent permettre de comprendre que l’on passe, par exemple, du parti Conservateur ou de l’ADQ au NPD ou que l’on vote pour un candidat inconnu.

mardi 3 mai 2011

Et les méthodologies ont-elles eu un impact?

Bonjour,

Petite question en terminant, des méthodologies de sondage différentes donnent-elles des résultats différents.

Un bref rappel des méthodologies utilisées: Panel Internet (Angus-Reid, Léger, Abacus DAns, Innovative Research Group, Crop), téléphonique automatisé SVI (Ekos, Forum Research), téléphonique (Nanos, Harris, Environics, Ipsos-Reid, Compas). De plus Nanos utilise une question ouverte pour l'intention de vote.

Après contrôle pour l'évolution dans le temps, les analyses montrent que:

Pour les résultats sur l'ensemble du Canada, les sondages Internet et SVI ont eu tendance à donner 1.2 points de plus aux Libéraux que les sondages téléphoniques ainsi que 1.5 points de moins aux Conservateurs pour les sondages Internet et 3 points de moins pour les sondages SVI. De plus Nanos a eu tendance à donner 3.8 points de plus aux Libéraux et 1.7 points de moins au NPD.

Les sondages Internet et SVI auront donc eu tendance à amplifier la sous-estimation des Conservateurs.

Pour ce qui est du Québec, les sondages SVI ont donné en moyenne 2.8 points de moins au Bloc mais cela n'a pas eu de conséquences sur l'estimation d'ensemble.

Enfin, pour ce qui est de l'Ontario, seul Nanos se distingue en accordant à la fois aux Libéraux (3.2 points) et aux Conservateurs (2 points) une plus forte intention de vote que les autres firmes. Ceci donne à Nanos une moins bonne prédiction pour les Libéraux mais une meilleure prédiction pour les Conservateurs (qui ne comble pas toutefois l'écart de 4 points entre les sondages et le vote.

Et donc, là où la sous-estimation des Conservateurs est la plus forte, en Ontario, il n'y a pas de différence selon les méthodologies: elles ont toutes sous-estimé les Conservateurs.

Au plaisir



Lendemain de veille: Quel bilan pour les sondages?

Bonjour,

Quel bilan pour les sondages aujourd'hui?  Commençons par les bons coups.

D'abord le Québec:




Comme on peut le voir dans le graphique, les modèles utilisés pour prédire le vote à partir des sondages réalisés donnent des résultats qui sont non seulement à l'intérieur de la marge d'erreur mais mieux encore presque parfaits.


Par contre, pour ce qui est du Canada dans son ensemble, trois sur quatre.






C'est pile-poil pour le NPD, pour le PLC et pour le Bloc mais il y a une sérieuse sous-évaluation de l'intention de vote pour le Parti Conservateur, pas énorme, juste suffisante pour modifier les résultats par siège...

Sous-évaluation due... en particulier à l'Ontario: 


Aucun sondage n'avait mis le PC en haut de 40% depuis une dizaine de jours en Ontario (sauf un Compas qui l'avait mis à 46% et qui sous-estime fortement le PLC). Or le PC se retrouve avec 44,4% du vote.  Pour ce qui est des sondages, comme il n'y avait aucune évolution estimée du PC depuis le début de la campagne, ce n'était pas en soi une situation difficile à estimer. Ca rappelle un peu l'erreur des sondages relative au PLQ en 1998 au Québec.

Pourquoi?
La sous-évaluation du vote de droite par les sondages n'est pas un phénomène rare. Pour ce qui est du Canada par ailleurs, c'était également le cas en 2008. C'est un problème récurrent. D'où provient-il? Plusieurs explications possibles.
- Les électeurs conservateurs auraient moins tendance à révéler leur intention de vote.
- Les électeurs conservateurs auraient moins tendance à collaborer aux sondages. Dans cette campagne, on peut se demander si cela serait plus vrai pour les sondages Internet et IVR (analyses à venir).
- La participation des électeurs conservateurs serait plus forte que celle des autres électeurs, les jeunes en particulier, plus susceptibles de voter à gauche. A noter que la participation que l'on s'attendait à voir augmenter dans cette campagne n'a pas beaucoup augmenté.

Bref, la sous-estimation du vote conservateur est un "vieux problème" qu'il faudra continuer à avoir en tête, à analyser, à tenter de comprendre.

Au plaisir!

lundi 2 mai 2011

La finale... amendée

Bonjour,

Je vous ai salué un peu tôt hier. D'autres sondages ont été publiés y compris hier et nous avons entré les données pour voir si cela provoquait des changements dans les estimations. La réponse est oui. Nous présentons donc les analyses très finales.
Dans ces analyses, cinq nouveaux sondages sont entrés provenant de Nanos, Harris-Decima, Ekos, Abacus et Forum Research. Nous avons pris la décision de ne pas entrer le sondage Compas fait auprès de 750 répondants à travers le Canada. Ce sondage comporte peu d'informations sur la méthodologie, entre autres sur la proportion de discrets (à 35% pour le dernier sondage de cette firme). Par ailleurs, les estimations comportent des valeurs aberrantes par rapport à l'ensemble des autres sondages. A titre d'exemple, tous les sondages depuis près de deux semaines, à l'exception d'un Ipsos Reid mettent le PC en bas de 40%. Compas le met à 46%.

Pour le Canada,






Comme le graphique l'illustre, les derniers sondages montrent une stabilisation des intentions de vote au cours des derniers jours, pour l'ensemble des partis. Les modèles sont assez similaires aux précédents, sauf pour le NPD, mais les effets sont moins importants.
- Ces modèles donnent le PC à 35,8% avec un intervalle de 34,1% à 37,6%, soit un peu plus bas que le modèle précédent (36,2%).
- Le modèle pour le PLC est également similaire aux modèles précédents et donne le PLC à 19,4%, soit entre 18,5% et 20,4%, soit un point de moins que le modèle précédent.
- Le modèle pour le NPD est complexe avec 4 composantes pour le temps.  Il donne le NPD à 31,1%, soit entre 28% et 34,2%, également plus bas, de près de 2 points, que le modèle précédent.
- Le Bloc se situe à 5,7%, soit entre 5,2% et 6,3% (voir Québec).

Ces nouveaux modèles sont plus précis puisqu'il y a moins de jours entre le dernier sondage et le vote. Ils donnent cette fois le NPD à peine à l'intérieur de la marge d'erreur des Conservateurs.

Pour le Québec:


Pour le Québec, la tendance se maintient. Toutefois, désormais les marges d'erreur sont moins grandes.  Le graphique illustre bien que le PC et le PLC sont à égalité et que le NPD est toujours loin devant le Bloc.
- Le modèle pour le NPD  est toujours celui d'une accélération des intentions de vote pour ce parti depuis un peu avant le débat. Le NPD serait à 43,2% avec un intervalle un peu réduit par rapport aux analyses précédentes soit entre 37,9% et 48,6%. La prédiction le met 3 points et demi plus bas que le modèle précédent.
- Le modèle pour le Bloc a maintenant une composante de plus, soit une accélération de la chute. Toutefois, l'effet débat n'est plus significatif dans ce modèle. Le Bloc serait à 23,6% avec un intervalle de 21,2% à 25,9%. La prédiction le met donc un peu plus haut que le modèle précédent.
- Le modèle pour le PC et pour le PLC n'ont pratiquement pas changé. Le PC serait à15,1% (12,8-17,4) et le PLC à 12,5% (10,7-14,3).

Finalement en Ontario,


Très peu de changements dans les modèles pour le PLC et le NPD en Ontario. Toutefois, pour le PC, c'est différent.
- Aucun effet, quel qu'il soit, n'est significatif pour le PC en Ontario, ce qui signifie que le meilleur modèle est celui d'une ligne droite horizontale.  Ce modèle met le PC à 40,3% (39,2-41,3) soit trois points plus haut que le modèle précédent.
- Pour le PLC, l'évolution en forme de cloche le donne maintenant à 25,5%, soit un peu plus de 2 points plus bas que le modèle précédent. Il se situerait le jour de l'élection entre 23,3% et 27,8%.
- Enfin, pour le NPD, l'effet d'accélération récente, faible toutefois, se maintient et le situe à 28,5%, soit entre 25,9% et 31,1%.  Le NPD est statistiquement à égalité avec le PLC.

Conclusion:
Les modèles présentés "prédisent" les résultats le jour du vote à partir des sondages réalisés. Les modèles sont relativement stables mais on voit que l'entrée de nouveaux résultats, tout en modifiant peu les modèles ont une influence -- de 1 à 3 points -- sur le vote prédit.  Comme je l'ai déjà noté, en présence d'une évolution importante et récente des intentions de vote, la marge d'erreur de la prédiction est plus importante. La palme de l'intervalle de confiance élevé est remporté haut la main par le modèle pour le NPD au Québec même si cette intervalle est maintenant mieux défini. Toutefois, l'intervalle pour le Bloc n'est pas aussi important.
Et là, c'est vrai. A demain...

dimanche 1 mai 2011

C'est la finale, à demain!

Bonjour,

Nous avons entré quatre nouveaux sondages soit ceux de Nanos, de Ipsos, de Léger et de Angus Reid, ces deux derniers étant des panels Internet.

Pour le Canada:


Les nouveaux sondages confirment les analyses précédentes. Les modèles sont les mêmes.

 - Pour le PC, les intentions de vote pour le PC sont en faible diminution. Le PC est prédit à 36,2% avec un intervalle de 34,2% à 38,1%. Le modèle donne maintenant un point et quart de plus au PC.

- Pour le NPD, le modèle retenu est le m^me, celui d'une accélération à la hausse, commencée un peu avant le débat. Ce modèle amène à prédire le NPD à 33,1% avec un intervalle important toutefois de 29,7% à 36,4%. Le modèle donne 2 points de plus au NPD. La prédiction amène donc le NPD dans la marge d'erreur de la prédiction pour le PC.

- Pour le PLC, l'effet débat est confirmé, soit une baisse de 0,8 points par jour en moyenne depuis le débat. Ces tendances le mènent à 20,3% avec un intervalle de 19,4% à 21,2%, soit un point et demi de moins qu'avec l'analyse précédente.

- Le Bloc est à 5,5% (4,9-6,2). Nous en parlons plus loin.

A noter: Il y a peu de variation entre les firmes dans l'évaluation de l'intention de vote pour le PC  ni pour le NPD. Les derniers sondages mettent le PC entre 35% et 38% et le NPD entre 30% et 33%. Toutefois, pour le PLC on voit des estimations qui varient entre 18% (Ipsos) et 23% (Nanos). Cette dernière firme est la seule qui pose une question ouverte, question qui l'a toutefois souvent mieux amenée à estimer l'intention de vote pour le PLC que les autres firmes.

Le Québec maintenant: 

Tous les sondages récents confirment les résultats précédents avec très peu de variation pour ce qui est du Bloc (26-27%). Par contre, les estimations pour le NPD varient plus (39% à 45%), comme cela est normal lorsque les proportions sont plus élevées (la marge d'erreur augmente avec le pourcentage estimé).


- Le modèle pour le NPD non plus n'a pas beaucoup changé: Une accélération commencée un peu avant le débat le mènerait autour de 47% (si la tendance se maintient) avec un intervalle toujours très important entre 41,2% et 52,7%.

- Le modèle pour le Bloc a un peu changé depuis les dernières analyses: la baisse moyenne serait de 0,098 point par jour depuis le 16 mars, et l'effet débat est devenu moint prononcé à 0,48 point par jours en moyenne. Ceci l'amène autour de 22,2% (un point de plus que la dernière prédiction), soit entre 19,4% et 25,0%.
- Le PC serait en baisse de ,154 points en moyenne par jour depuis le 16 mars, ce qui l'amène à 14,8% avec un intervalle de 12,2% à 17,6%.
- Le PLC a une évolution un peu différente, avec une accélération de la baisse moins prononcée avec les dernières analyses. Ceci l'amène maintenant à 15,1% soit entre 13,1% et 17,1%.
 

L'Ontario se distingue:


Que ce soit pour le PLC ou pour le PC, les analyses montrent une évolution en forme de cloche soit une hausse suivie d'une diminution récente.
- Ces modèles amènent le PC à  37,4% (un point de plus que les dernières prédictions) avec un intervalle entre 35,4% et 39,4% et le PLC à 27,7% (2,23 points de moins) avec un intervalle de 25,8% et 29,7%, statistiquement en bas du PC.
- Avec les nouvelles données, le modèle pour le NPD est simplement l'inverse de celui des deux autres partis. Ce modèle prédit le NPD à 29,1% (26,8-31,5). Le NPD et le PLC sont à égalité.
 En conclusion:

Mardi matin, nous saurons jusqu'à quel point les sondages nous ont donné une image juste de l'état de l'opinion, avec un bémol toutefois.  Nous leur accordons cette fois-ci un droit à l'erreur plus important qu'à l'habitude puisque, pour le NPD surtout, les évolutions sont à ce point rapides qu'elles sont difficiles à mesurer. Toutefois, les sondages semblent donner une image très similaire. L'autre parti à surveiller est le PLC puisque les sondages ne semblent pas toujours estimer cette intention de vote de la même manière.

Par ailleurs, pendant ce temps,... il semble que le printemps est arrivé! Bonne journée d'élections.

vendredi 29 avril 2011

Et la tendance se maintient...

Les derniers sondages confirment les tendances déjà observées et ceci, quelles que soient les méthodologies utilisées.  On s'étonne toutefois du fait que deux firmes n'ont pas publié de sondages cette semaine, soit Léger Marketing (ni la semaine dernière dans ce cas) et Ipsos-Reid. Pourquoi? Publication demain?

Tel que mentionné dans mon dernier message, les analyses permettent de "projeter" les résultats le jour du vote avec une marge d'erreur plus ou moins grande selon la stabilité des intentions de vote. Ce sont ces résultats qui sont présentés ici.

Au Canada,...


Comme on peut le voir, tous les partis sont en descente sauf le NPD.  Il faut toutefois être prudent parce que l'évolution de l'intention de vote pour le NPD a été difficile à modéliser et que l'on a dû choisir entre plusieurs modèles, celui qui apparaissait le plus plausible. Certains modèles, acceptables statistiquement, donnait le NPD en baisse mais avec une marge d'erreur de la prédiction très élevée (intervalle de 15 points).
 - Pour le PC, peu de changements depuis mardi. La tendance se confirme: Les intentions de vote pour le PC avaient augmenté. Elles sont maintenant en diminution. Le PC est prédit à 33,9% avec un intervalle de 31,6% à 36,2%.
- Pour le PLC, le meilleur modèle est maintenant celui d'une hausse suivie d'une baisse MAIS à laquelle s'ajoute une baisse de 0,78 points par jour depuis le débat. Ces tendances le mènent à 21,2% avec un intervalle de 19,7% à 22,6%.
- Pour le NPD, le modèle retenu est celui d'une accélération à la hausse, commencée un peu avant le débat. Ce modèle amène à prédire le NPD à 31,1% avec un intervalle important toutefois de 27,4% à 34,8%.

Ces résultats -- les intervalles des prédictions -- signifient qu'il n'y a pas de différence significative entre le PC et le NPD dans les prédictions. Ils pourraient être à égalité.Toutefois, il y a une différence significative entre le NPD et le PLC. Le NPD est significativement au-dessus du PLC.

- Nous reviendrons au Bloc en parlant des intentions de vote pour le Québec.



Pour le Québec:


Honte sur moi. Lors d'une entrevue à Patrice Roy, j'ai dit que je croyais impossible la situation qui vous est présentée en ce moment. Ça m'apprendra! Il ne faut parler que de données, c'est plus prudent. "When I do not have data, I have an opinion".

- Le modèle pour le Bloc a peu changé depuis les dernières analyses: une baisse de 0,19 points en moyenne  par jour depuis le 16 mars, à laquelle s'ajoute un baisse additionnelle de ,6 points par jour depuis le débat. Ceci l'amène autour de 21,2%, soit entre 17,9% et 24,4%.
- Le modèle pour le NPD non plus n'a pas beaucoup changé: Une accélération commencée un peu avant le débat le mènerait autour de 46,5% (si la tendance se maintient) avec un intervalle entre 40,7% et 52,3%.
- Le PC serait en baisse de ,14 points en moyenne par jour depuis le 16 mars, ce qui l'amène à 14,8% avec un intervalle de 11,7% à 17,8%.
- Le PLC a une évolution un peu différente, avec une accélération de la baisse plus récemment. Ceci l'amène à 12,8% soit entre 11,1% et 14,5%.

Statistiquement, il n'y a pas de différence dans les intentions de vote entre le PC et le PLC. Le NPD est clairement et statistiquement en haut du Bloc.  Prudence toutefois, l'intervalle de confiance est élevé et fortement dépendant des évolutions récentes. Dans ce cas, le chiffre le plus bas (40,7%) est plus plausible. Nous ferons probablement d'autres analyses dimanche pour préciser la prédiction. 

Pendant ce temps en Ontario,




Que ce soit pour le PLC ou pour le PC, les analyses montrent une évolution en forme de cloche soit une hausse suivie d'une diminution récente.

- Ces modèles amènent le PC à  36,3% avec un intervalle entre 33,9% et 38,8% et le PLC à 30% avec un intervalle de 27,9% et 32,2%, statistiquement en bas du PC.
- Le modèle pour le NPD est complexe. L'évolution serait en forme de "poisson" mais cette évolution serait atténuée par un effet débat négatif. Ce modèle prédit le NPD à 28,5% (25,9-31,2).  Toutefois, un autre modèle acceptable également prédirait le NPD à 25,4%, soit entre 22,5% et 28,2%. Il faut donc être très prudent pour ce qui est de l'évolution de l'intention de vote pour le NPD.  Les deux modèles permettent toutefois de conclure que le NPD et le PLC pourraient être à égalité.


En conclusion, pour une fois, si les sondages prédisent mal le vote, particulièrement pour le NPD, et que les sondeurs disent que c'est dû à la volatilité du vote, j'aurai tendance à penser que c'est une hypothèse plausible!.




Notice méthodologique:

1) Un point sur la marge d'erreur (encore). Dans La Presse de ce matin, on parle d'une marge d'erreur de 2,2 % pour les sondages de la région de Québec et de 2,8% pour ceux du Saguenay. Cette information serait pertinente si on présentait le total des intentions de vote pour chacune des régions. Or, on présente les intentions de vote par circonscription. Les marges d'erreur sont alors aux environs de 5%. L'information sur la marge d'erreur prêtait à ce point à confusion que le journaliste de Radio-Canada a parlé de marges d'erreur de 2% à 3% selon les circonscriptions à "C'est bien meilleur le matin". Les marges d'erreur réelles signifient que les intentions de vote sont à égalité "statistique" dans la plupart des circonscriptions. C'est le problème des sondages dans les comtés où les luttes sont serrées. En général, ils confirment que les luttes sont serrées. 

2) Je vous réfère à une critique méthodologique très intéressante des modèles de prédiction de sièges sur le site du "Pundits guide":  http://www.punditsguide.ca/.  Cette analyse permet de mieux comprendre pourquoi la plupart des modèles ne prédisent que peu de modifications dans le nombre de sièges malgré des évolutions très fortes dans les intentions de vote.


Un peu d'histoire: Voici de quoi a eu l'air l'évolution pour le Québec en 2008 telle que mesurée par les sondages.


On peut conclure que le PC qui était en bonne position en début de campagne a perdu son avantage durant la campagne et ceci au bénéfice du Bloc surtout et du PLC ensuite.

mardi 26 avril 2011

ET ca continue...

Bonjour,

Voici où on en est dans l'analyse de l'évolution des sondages réalisés depuis le 16 mars.

 Il y a quatre nouveaux sondages entrés dans la base de données depuis les analyses de jeudi dernier, un de Nanos (téléphonique roulant), un de Ipsos-Reid (téléphonique), un de Ekos et un de Forum research, ces deux derniers utilisant le téléphonique automatisé. Le sondage de Forum et celui d'Ekos ont toutefois été fait avant jeudi dernier mais n'étaient pas publiés au moment des dernières analyses.

Voici les résultats pour le Canada:



Les tendances observées lors des dernières analyses se poursuivent.
- L'évolution pour le PC est en forme de cloche (composante quadratique pour les spécialistes), comme on peut le voir sur le graphique, ce qui amène à estimer l'intention de vote pour le PC maintenant  à 35,8%
- L'évolution pour le PLC est toujours en forme de poisson (cubique pour les spécialistes), soit une baisse compensée d'abord puis une nouvelle baisse, récente. Ceci amène à estimer le PLC à 23,7%
- L'évolution pour le NPD est aussi en forme de poisson mais à l'inverse de celle du PLC. Le NPD est clairement en hausse et se situerait à 27,3%
- Enfin, le Bloc est en baisse constante. Nous reviendrons à ses intentions de vote en parlant du  Québec.
- A noter que les analyses ne montrent aucun effet des débats, une fois modélisé l'effet du temps. Il est toutefois difficile de différencier ce qui relève de l'évolution "normale" de ce qui relève d'un possible impact du débat lorsque les évolutions se situent à la même période. Toutefois, nous avons toujours vérifié la possibilité d'un effet débat indépendamment du temps. Les modèles présentés sont les "meilleurs" modèles pour expliquer les données.



Et pour le Québec:


Évidemment, ces résultats sont influencés par le denier sondage Ekos. Toutefois, Forum Research mettait aussi le NPD en avance sur le Bloc mercredi dernier et Ipsos-Reid les mettait à égalité. Les sondages ne montrent donc pas encore une stabilisation des intentions de vote au Québec.
- Les modèles ne montrent aucun effet du temps significatif pour le PLC. C'est la ligne droite. Le PLC serait à 16,6%.
- Pour ce qui est du PC, l'effet du temps donne une évolution en forme de poisson soit une baisse compensée suivie d'une nouvelle baisse. Le PC serait à 14,5%.
- Le Bloc perdrait ,2 point par jour depuis le 16 mars et se pertes se seraient accélérées depuis le débat (effet débat significatif avec composante quadratique du temps pour les spécialistes). Il se situerait à 25,8%.
- Enfin, le NPD a une évolution positive qui s'est accélérée dernièrement (composante quadratique positive significative).  Il se situerait à 35,1%.
- Ces analyses ne laissent pas encore entrevoir un arrêt de la chute du Bloc ou de la montée du NPD.
- - Par rapport à jeudi dernier, Les estimations donnent le Bloc à environ 5 points de moins et le NPD à trois points de plus.
- Notons toutefois qu'il y a des différences significatives entre les firmes pour ce qui est de l'estimation de l'intention de vote pour le NPD. Par contre, pour le Bloc, les estimations se situent à l'intérieur de la marge d'erreur.



Et maintenant, l'Ontario: 

 

- Le graphique illustre bien l'absence d'évolution avec le temps pour ce qui est du PC. Il serait à 41%
- L'évolution pour le PLC est en forme de cloche. Après une remontée significative, le PLC a entamé une descente récemment. Il serait à 31,7%.
- L'évolution pour le NPD peut être modélisée de deux manières, soit avec un effet du temps s'accélérant récemment soit avec un effet du temps positif mais seulement depuis le débat. Nous avons choisi ce dernier modèle qui est le meilleur et le même que celui présenté jeudi dernier.  Le NPD serait à 20,1%, quelle que soit la modélisation choisie.
- Par rapport à jeudi dernier, le PLC se situe à environ 3 points de moins et le NPD à trois points de plus.


En conclusion:
Bien sûr, avec de telles évolutions, on doit être prudent. Toutefois, l'ajout de quatre nouveaux sondages n'a pas beaucoup changé les estimations pour l'ensemble du Canada sinon pour une hausse de près de quatre points du NPD aux dépens du PLC surtout. Une telle évolution rappelle celle de 2005-2006 qui avait "propulsé" les Conservateurs devant les Libéraux et fait perdre au Bloc près de 9 points en fin de campagne (voir référence plus loin).
Les sondages se trompent-ils?  Lorsque les sondages se trompent, habituellement c'est en faveur de la gauche et en défaveur de la droite, ce qui signifie que les partis les plus susceptibles d'être surévalués en ce moment sont le NPD et le Bloc et ceux qui sont les plus susceptibles d'être sous évalués sont les Libéraux et les Conservateurs. 

Un peu d'histoire
Pour la petite histoire, cette campagne ressemble énormément, côté sondages, à celle de 2005-2006 mais "à l'inverse". En 2006, c'était le calme plat au Québec jusqu'à ce que ca se mette à bouger sérieusement en Ontario. Après, ca a été la "dégringolade". Les Conservateurs, cette fois-là, se sont mis à monter, le PLC s'est retrouvé en chute libre et le Bloc a perdu des appuis (9% entre le deuxième débat en français et l'élection. Le PLC avait commencé sa descente bien avant le débat. 

Au Québec, les sondages avaient surévalué l'appui au Bloc et sous-évalué significativement l'appui au PLC.
En Ontario, les évaluations étaient généralement à l'intérieur de la marge d'erreur. Voici l'analyse des sondages ce cette campagne:
http://www.mapageweb.umontreal.ca/durandc/Recherche/Publications/La_campagne_de_2005-06_racontee_par_les_sondages.pdf

Note méthodologique:
Quelle différence entre les analyses présentées sur ce blogue et celles de "308", par exemple.  Les analyses faites par 308 sont des moyennes pondérées selon divers facteurs relatifs à la taille des échantillons, au temps, à la performance passée des sondeurs.  Les analyses faites pour ce blogue sont des estimations statistiques (modèle ARIMA, pour les spécialistes) de l'évolution des intentions de vote, basées sur les moyennes quotidiennes des estimations des sondages qui sont réalisés à chaque jour. Ces estimations permettront de faire une "prédiction de jour de vote" à la fin de la semaine. Ces prédictions "toutes choses égales par ailleurs" sont toutefois d'autant plus fiables que l'évolution du vote est stable (désarroi de l'analyste...). La marge d'erreur des séries augmente avec l'instabilité des intentions de vote.

Au plaisir

vendredi 22 avril 2011

Les panels web sont-ils fiables?

Suite à la publication du sondage Crop hier mettant le NPD en avance sur le Bloc au Québec, plusieurs se sont demandé si les sondages de type Panel Web étaient fiables, ceci parce que Crop a écrit ce qu'il faudrait toujours écrire pour ce type de sondage soit, que la marge d'erreur ne s'applique pas. Qu'est-ce que cela signifie?  En gros, comme les panels web n'utilisent pas d'échantillons probabilistes, on ne peut pas en estimer la fiabilité par les moyens statistiques habituels puisque ceux-ci sont basés sur le fait que l'échantillon est probabiliste. On doit donc se fier à d'autres moyens.

Un premier moyen consiste à vérifier si d'autres informations de type socio-politique données par le sondage sont conformes à ce à quoi on s'attend. Crop informe que l'intention de vote référendaire de son sondage est à 42% après répartition. Si cette intention de vote avait été particulièrement basse, on aurait pu se poser des questions. Ce n'est pas le cas. Ils serait pertinent de savoir quels moyens les sondeurs utilisent pour valider que leur échantillon n'est probablement pas biaisé (comme le vote déclaré à l'élection précédente, par exemple).

Un deuxième moyen est évidemment de vérifier si les informations données par d'autres sondages utilisant des méthodologies différentes donnent des résultats similaires. Hier, un sondage Ekos utilisant la méthode SVI (téléphonique automatisée) et un sondage Ipsos-Reid (téléphonique) donnaient un portrait similaire soit le NPD à égalité avec le Bloc au Québec (à l'intérieur de la marge d'erreur).

Il demeure que les méthodologies sont variées et peuvent toutes présenter certains biais. Les échantillons téléphoniques SVI ne font pas de sélection à l'intérieur des ménages, ce qui va à l'encontre de ce que veut la théorie probabiliste. Par contre, Ekos a ajouté des numéros de téléphone portable. La plupart des sondages téléphoniques traditionnels font une sélection par quotas, ce qui va aussi à l'encontre de la théorie probabiliste.  Certains sondeurs ont des taux de discrets qui dépassent l'entendement. La formulation de la question d'intention de vote varie. Tous ces éléments peuvent entraîner des biais. 

Pour le moment, on postule que les biais s'annulent. Ce n'est pas nécessairement le cas mais c'est la seule hypothèse que l'on peut faire en pratique. Dans les premières analyses faites à partir du début janvier, les sondages Web avaient tendance à surévaluer le NPD et à sous évaluer le PLC par rapport aux autres sondages. Ce n'est pas le cas si on se restreint aux sondages publiés depuis le début mars, au contraire. Tant les sondages Internet que SVI auraient tendance à surévaluer le PLC aux dépens du PC.

Bref, de quoi réfléchir.

Bon week-end de Pâques!

Au plaisir

jeudi 21 avril 2011

Oh là là, ça bouge - bis

Bonjour

Branle-bas de combat ce matin avec la parution des sondages Crop et Ekos mettant le NPD en avance sur le Bloc au Québec. Voyons voir ce qu'il en est si nous prenons tous les sondages et que nous faisons un nouveau type d'analyse, de type série chronologique, plus "raffinée" que les analyses précédentes. Nous pouvons maintenant faire ces analyses parce qu'il y a suffisamment de sondages et de jours.

Pour le Canada, d'abord:


Le graphique montre que le NPD serait en train de rejoindre le PLC pour l'ensemble du Canada. Le NPD monte aux dépens de tous les partis. Il n'y a pas d'effet de débat significatif pour aucun des partis, une fois l'évolution avec le temps prise en compte.

- Ces analyses confirment les analyses précédentes pour ce qui est de l'évolution en forme de poisson pour le PLC, soit une baisse suivie d'une hausse et de nouveau d'une baisse.
- L'évolution de l'intention de vote pour le PC est quant à elle en forme de cloche, soit une hausse suivie d'une baisse.
- Enfin, l'évolution pour le NPD est également en forme de poisson mais à l'inverse de ce qui s'est passé pour le PLC. Le NPD est clairement en remontée depuis avant le débat.

- Statistiquement, le Bloc aurait une évolution très complexe mais il est préférable d'y revenir dans l'analyse pour le Québec.

Ces estimations mettent le PC à 36,1%, le PLC à 25,4, le NPD à 23,6% à égalité avec le PLC, le Bloc à 6,7.



Pour le Québec, ensuite:


Les nouvelles analyses confirment les anciennes. Le Bloc serait en descente tout comme le PC et le PLC au bénéfice du NPD.

- Sur le plan statistique, le BQ perdrait près de un quart de point par jour en moyenne depuis le 16 mars.

- On constate une montée "fulgurante", soit près de ,14 points par jour depuis le 16 mars accompagnée d'une hausse de 1,8 points qui semble due au débat. Il faut évidemment être prudent puisque de tels mouvements sont assez rares et ne se maintiennent pas toujours jusqu'à la fin des campagnes électorales. D'une part, il est clair que cette tendance ne peut pas se maintenir sinon le NPD remporterait tous les sièges! D'autre part, les deux sondages qui sont en partie responsables de cette "tendance" sont d'une part un panel Web, d'autre part un sondage téléphonique automatisé (dit SVI). Ces résultats demandent à être confirmés par d'autres sondages.

- Il demeure qu'en ce moment, on aurait le BLOC à 30,4 et le NPD à égalité à 32,9% (à l'intérieur de la marge d'erreur) d'une part et le PLC et le PC, également à égalité à environ 16,4% et 16,8% respectivement, d'autre part.


Pour ce qui est de l'Ontario:


En Ontario, la situation est différente.
- D'une part, le PC se maintient. Aucune évolution depuis de 16 mars. Il se retrouverait à 41,3% en ce moment.
- D'autre part, le PLC a vu sa hausse récente a augmenté de ,14 points par jour depuis le 16 mars mais il aurait perdu ,37 point suite au débat. Il se situerait à 34,7 en ce moment.
- Enfin, le NPD n'évolue pas plus que le PC mais il aurait gagné ,32 points suite au débat.  Il se situerait à 17,1%

Comme on le voit, en Ontario, ca ne bouge pas beaucoup en ce moment, ce qui signifie que les mouvements constatés pour l'ensemble du Canada se produiraient hors Ontario.



Note méthodologique:

Les séries chronologiques sont bâties à partir de la moyenne des intentions de vote mesurées à chaque jour par tous les sondages qui étaient en cours à chaque jour. Cette manière de faire postule : 1) que tous les sondages sont équivalents 2) donne un poids plus important aux sondages qui sont réalisés sur plus de jours 3) ne tient pas compte de la taille des échantillons. Il s'agit de décisions réfléchies. Entre autres, si on tenait compte de la taille des échantillons, on accorderait beaucoup plus d'importance aux sondages de type Panel Web ou SVI. Toutefois, ces choix méthodologiques ont évidemment des conséquences.  Nous pensons que nous avons choisi les moins pires conséquences!


Remerciements:
Les analyses et les graphiques sont le fruit du travail de l'agente de recherche Christine Doucet. Merci!

mercredi 20 avril 2011

Demande spéciale - question ouverte ou fermée?

Bonjour,

Un collègue m'a demandé si les sondages Nanos donnaient des résultats différents puisqu'ils sont les seuls à utiliser une question qui ne mentionne pas les partis. Nanos demande "For those parties you would consider voting for federally, could you please rank your top two current local preferences"? Les données publiées sont celle du parti nommé comme premier parti préféré localement. Il faut noter que Nanos utilise également un sondage roulant sur 3 jours, ce qui est une autre source de différences potentielles. Nous inscrivons les résultats des sondages Nanos une fois tous les trois jours dans la base de données.

Résultat:
Après contrôle pour l'évolution avec le temps et pour l'impact des méthodes (sondages Internet ou IVR), les sondages Nanos...
- donnent en moyenne 3,4 points de plus au PLC, 1,8 points de moins au NPD et 2,8 points de moins aux Verts sur l'ensemble du Canada;
- donnent en moyenne 6,1 points de plus au PLC en Ontario; cette surévaluation n'est pas compensée par des différences négatives qui soient significatives ce qui s'explique normalement par le fait que la répartition est à peu près égale pour les autres partis (et donc plus faible pour chaque parti et non significative).
- donnent en moyenne 6,1 points de plus au PLC au Québec, 3,3 points de moins au NPD et 1,8 points de moins aux Verts.

Au plaisir







Pour le Canada:

mardi 19 avril 2011

Oh là là, ca bouge.

Bonjour,

Nous avons fait de nouvelles analyses de l'évolution des intentions de vote à partir de tous les sondages publiés jusqu'à ce matin. Nous avons donc intégré les sondages réalisés après le débat. Par ailleurs, ayant de plus en plus de sondages, nous nous sommes restreints maintenant à l’évolution depuis le 1er mars.

1) Canada total:

-  Les intentions de vote pour le PC sont toujours au beau fixe (à 38%) depuis le 1er mars. 

- Le PLC a maintenant une évolution en forme de poisson, c'est à dire qu'après être descendu puis remonté, il plafonne. Il serait à 26,4%. 

- La meilleure manière de modéliser la hausse des intentions de vote pour le NPD depuis le débat est également de parler d'une évolution en forme de poisson mais à l'inverse de celles des Libéraux. Après avoir plafonné un certain temps, le NPD est maintenant en hausse, ce qui le mettrait à 20,9%. 

- Les intentions de vote pour les Verts baissent de ,07 points par jour depuis le 1er mars, ce qui les mettrait à 6,1%.

- Nous aborderons  l'évolution des intentions de vote pour Le Bloc quand nous parlerons du Québec.  
- Les dernières estimations mettaient le PC à 38,2%, le PLC à 27,7%, le NPD à 18,0%, le BQ à 7,8% et les Verts à 6,2%. La différence la plus importante entre celles-ci et les nouvelles analyses se situent au niveau du NPD qui aurait augmenté de 2,4 points. 
- Il y a toujours une différence significative entre les sondages Internet et les autres mais un peu moins prononcée: au total, les sondages Internet ont évalué le PLC en moyenne 1,4 points plus bas que les autres sondages et le PC également plus bas, de 2,4 points dans ce cas. Par contre, pour le NPD, il n'y aplus la différence significative qu'il y avait auparavant.
- Il y a aussi une différence significative entre les sondages de type SVI (appels téléphoniques automatisés) et les autres : 3,6 points de moins pour le PC, 1,5 point de moins pour le NPD et 2 points de plus pour les Verts.
Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques.



2) Ontario: tout bouge
- Le PC est toujours stationnaire à 41,2%

- Par contre, pour ce qui est des Libéraux, la même tendance non linéaire constatée antérieurement s'est transformée. Le PLC a repris en gros le terrain perdu en début de période mais il plafonne maintenant et serait même en légère redescente. Ils seraient à 34,5%.

- Le  NPD a également une évolution en "poisson". Il serait clairement en remontée toutefois depuis le débat et se situerait actuellement à 19,8%.


 - Les Verts sont en toujours en baisse et se situeraient maintenant à 6,7%. 

- Par rapport aux dernières analyses, le PLC aurait perdu 2,9 points et le NPD en aurait gagné 3,3.


- Par ailleurs, il existe une corrélation négative (-,354) entre les intentions de vote pour le NPD et pour le PLC. Ces corrélations ne sont pas significatives pour le PC. C'est donc surtout entre NPD et Libéraux que les intentions de vote semblent s'échanger.

- En Ontario, il existe toujours une différence significative entre les sondages Internet et les autres. Depuis mars, ces sondages ont tendance à accorder 2,6 points de plus au PLC et 2,5 de moins au PC.   Par ailleurs, les sondages IVR donnent en moyenne 3,5 points de plus au PLC, 2,8 de moins au PC et 1,3 points de plus aux Verts.


Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques.



Il faut souligner la forte dispersion dans l'estimation de l'intention de vote, particulièrement pour le NPD au cours des derniers jours. 



3) Québec: que se passe-t-il?
- Depuis le 1er mars, évolution en forme de cloche pour le PC au Québec, ce qui signifie que la hausse est arrêté et qu'il plafonne. Ces analyses le mettent environ à 19,3%.

-  Pour ce qui est du PLC, on voit une évolution en forme de poisson mais beaucoup de variation d'un sondage à l'autre et donc, prudence est de mise.  Le PLC serait à égalité avec le PC à 19,2%.

- Bien des choses se passent du côté du Bloc et du NPD. Le Bloc apparaît clairement en baisse et se situerait à 33,4%.

- Le NPD aurait vraiment pris du mieux depuis le débat mais il est très difficile de modéliser son évolution.  Les analyses montrent un effet débat de 3 points environ mais un examen attentif montre une forte dispersion des estimations des divers sondeurs. Et donc, encore là prudence. Le NPD selon ces analyses serait à 24,2 mais il faut noter (2ème graphique) que certains sondeurs le mettent nettement plus bas. Il est clair toutefois que ce sont le Bloc et le NPD qui s'échangent des intentions de vote, du moins sur le plan global (corrélation de - ,527).
 
- Il faut faire très attention puisque les sondages Internet mettent depuis le début mars le PC près de 4 points plus haut que les autres sondages alors que les sondages IVR se distinguent pour 3 partis : 4,4 points de plus pour le PC, 3 points de moins pour le Bloc et 2,3 points de plus pour le NPD.

 Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques.



 


Commentaire: Il existe des écarts importants entre les estimations de diverses firmes y compris dans l'estimation de la proportion d'indécis. La prochaine mise à jour devrait se faire d'ici la fin de semaine et permettra de faire des analyses de séries temporelles étant donné l'accumulation des sondages. Ces analyses donneront des estimations plus précises et permettront de valider (ou d'invalider) les analyses actuelles.

Au plaisir
Claire Durand

jeudi 14 avril 2011

Qui a raison? Les indécis, peut-être

Bonjour,

On a attiré mon attention sur le fait que deux sondages publiés hier donnent deux portraits très différents des intentions de vote. Ekos soutient que les Conservateurs et les Libéraux s’approchent au point d’être maintenant à seulement 7 points l’un de l’autre alors que Compas les met à 21 points. Comment départager? L’avenir le dira bien sûr mais y a-t-il des différences dans la méthodologie des deux sondages qui peuvent expliquer ces différences dans les résultats?

La lecture des rapports des firmes est très intéressante. Ekos donne toutes les informations pertinentes pour évaluer son sondage : Nombre total de répondants, proportion d’indécis, nombre effectif de personnes ayant indiqué une intention de vote, marge d’erreur et ceci pour l’ensemble du Canada et pour chaque région. Elle utilise la méthode IVR (SVI en français) soit l’entrevue téléphonique informatisée.  Elle a interrogé 1238 répondants dont 1108 ont donné leur intention de vote. Les proportions de discrets sont de 10,6% au national, de 8,7% en Ontario et de 11,8% au Québec. Noter que l'échantillon inclut des numéros de cellulaire.

Pour ce qui est de Compas, la seule information que nous avons sur la méthodologie est la suivante :
« A carefully stratified, representative sample of n=2151 voters was interviewed by professional interviews over the telephone during the period April 6-11, 2011. By convention, surveys of this size are deemed accurate to within 2.1 percentage points 19 times out of 20. The principal investigator on this study was Dr. Conrad Winn. »

D’où il ressort que l’échantillon a été stratifié. Selon quel paramètre? La région? Combien y en a-t-il par région? On ne le sait pas. Il y a 2151 voteurs interviewés (les a-t-on sélectionnés en fonction du fait qu’ils ont dit vouloir aller voter?). Surtout, quelle est la proportion de discrets? Quelque part dans le titre d’un graphique, on trouve l’information suivante :
Overwhelming Conservative Strength Nationally (after 35% Undecided Removed from Calculations)
Ce qui signifie que le nombre de répondants effectif est de 1463, à peine plus que le nombre de répondants du sondage Ekos.
Voici les graphiques comparatifs des résultats obtenus par les deux firmes.





Les différences sont généralement tout à fait en dehors de l’intervalle de confiance déterminé par la marge d’erreur plausible (on ne peut pas la calculer pour Compas lorsqu’il s’agit de l’Ontario et du Québec puisqu'on ne connaît pas le nombre de répondants ni la proportion d'indécis).

Pour ce qui est de la proportion d’indécis :
- pour Ekos, elle est similaire à ses autres sondages et en général inférieure à celle d’autres firmes telles Nanos ou Léger.
- Pour Compas, dont c'est le premier sondage électoral publié dans cette campagne à notre connaissance, la proportion d’indécis est près de deux fois supérieure à celle de Nanos (18). A ma connaissance, 35% d'"indécis" malgré la présence d'une question de relance, c’est du jamais vu en période électorale.
- Pour Angus Reid et Harris Decima, la proportion d’indécis n’est pas indiquée dans les rapports, ce qui devrait être corrigé. Peut-être une demande d'accès à l'information?

Au plaisir




Etat de situation depuis février


Bonjour,

Nous avons fait de nouvelles analyses de l'évolution des intentions de vote à partir de tous les sondages publiés jusqu'à ce matin et ayant donc été réalisés en gros avant les débats ou avant que ceux-ci aient pu avoir un impact. Par ailleurs, ayant de plus en plus de sondages, nous nous sommes restreints maintenant à l’évolution depuis le 1er février. Des analyses ont été faites également en débutant au premier janvier et au premier mars. Les résultats sont similaires pour ce qui est de la prédiction de l’intention de vote actuelle.

1) Canada total:

-  Les intentions de vote pour le PC n’apparaissent plus en hausse depuis le 1er février. Très légère hausse pour le PLC (,032 point par jour) et pour le NPD (,034 point par jour) associée à une légère tendance à la baisse pour les Verts (-,04 point par jour). Par contre, le Bloc serait en baisse après avoir monté un peu en janvier
- Ces estimations mettent le PC à 38,2%, le PLC à 27,7%, le NPD à 18,0%, le BQ à 7,8% et les Verts à 6,2% et donc, très peu de différences entre ces analyses et celles de la semaine dernière sinon des confirmations : stabilisation des intentions de vote pour le PC, hausse du PLC et du NPD, baisse concurrente des Verts et du Bloc, mais des effets encore faibles.
- Il y a toujours une différence significative entre les sondages Internet et les autres: au total, les sondages Internet ont évalué le PLC en moyenne 2,5 points plus bas que les autres sondages et le NPD, 2,1 points plus haut.
- Il y a aussi une différence significative entre les sondages de type SVI (appels téléphoniques automatisés) et les autres : 3 points de moins pour le PC et 1,4 point de moins pour le NPD.
Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques.



2) Ontario: rien n’a bougé depuis le début février ou presque
- La légère hausse de l'intention de vote pour le PC constatée dans les précédentes analyses a disparu. Les Verts sont toujours en baisse à ,037 points par jour. Aucune évolution significative pour le NPD.
- Par contre, pour ce qui est des Libéraux, la même tendance non linéaire constatée antérieurement se maintient. Le PLC a repris en gros le terrain perdu en début de période.
- Ces estimations mettent le PC à 41,3%,  le PLC à 37,4%, le NPD à 16,5% et les Verts à 6,2%.
- En Ontario, il existe toujours une différence significative entre les sondages Internet et les autres mais elle a maintenant trait aux Verts qui obtiennent en moyenne 4,3 points de plus dans ces sondages. Par ailleurs, les sondages IVR donnent en moyenne 2,3 points de moins au NPD et 4,7 points de plus aux Verts.
Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques
.


Il faut souligner la forte dispersion dans l'estimation de l'intention de vote, particulièrement pour le PC en Ontario au cours des dernières semaines.



3) Québec:
- La légère hausse de l'intention de vote pour le PC augmente un peu à ,054 points par jour depuis le 1er février. L'évolution des intentions de vote pour le Bloc ont une forme de butte, c’est-à-dire qu’elles ont monté mais sont maintenant significativement en descente. Enfin, le NPD serait en remontée à ,07 points par jour. 
- Il faut toutefois faire attention puisque les sondages Internet mettent le NPD 2,8 points plus haut que les autres alors que les sondages IVR se distinguent pour 3 partis : 2 points de moins pour le PC et pour le NPD, 3,7 points de plus pour les Verts.
- Ces estimations mettent le Bloc à 32,5%, le PC, le PLC et le NPD pratiquement à égalité (respectivement 21,3%, 19,4% et 18,2%) et les Verts à 5,1%. 
Notez que les effets des méthodes ne sont pas intégrés dans les graphiques.

 


Commentaire: Il existe des écarts importants entre les estimations de diverses firmes y compris dans l'estimation de la proportion d'indécis (lorsque disponible!). Étant donné les débats, la prochaine mise à jour devrait se faire plus tôt la semaine prochaine, ne serait-ce que pour valider ou invalider les analyses actuelles et possiblement les raffiner.

Au plaisir
Claire Durand