Bonjour,
Ce devrait être mon dernier message de la campagne. Un certain nombre de commentateurs, d'analystes et d'agrégateurs ont parlé de mouvements dans les intentions de vote au cours des derniers jours. Dans ce message, après une première série de graphiques des intentions de vote pendant la campagne pour l'ensemble du Canada, l'Ontario et le Québec, je vais faire l'analyse des différences qui apparaissent selon les modes d'administration utilisés par les firmes de sondage. Ces modes ne donnent pas un même portrait ni de là où se trouvent les intentions de vote, ni de leur évolution.
D'abord, le portrait des intentions de vote (méthodologie présentée à la fin du message).
Le Canada
Le premier graphique présente les intentions de vote pour les divers partis pour l'ensemble du Canada. Il confirme que les intentions de vote pour le Parti Libéral du Canada (PLC) et celles du Parti Conservateur du Canada (PCC) se rapprochent un peu. On serait maintenant à 43% pour le PLC et 39% pour le PCC. Les appuis pour le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et pour le Bloc Québécois et les Verts ne semblent pas avoir bougé beaucoup dans l'ensemble du Canada.
L'Ontario
Le graphique suivant illustre l'évolution des intentions de vote en Ontario. On y note également le rapprochement entre le PLC et le PCC. Le PLC serait maintenant à 48%, son niveau du début de la campagne, et le PCC à 40%, un point plus haut que son appui de début de campagne.
Le Québec
Les intentions de vote semblent avoir bougé un peu plus au Québec qu'en Ontario. Le PLC y aurait perdu environ 3 points (de 42% à 39%), tant au bénéfice du Bloc Québécois que du PCC, les deux maintenant à égalité à 25%.
Oui mais, est-ce que la méthodologie utilisée a un impact?
J'ai d'abord fait une analyse statistique (régression) qui montre que, toutes choses égales par ailleurs, les sondages utilisant le mode téléphonique automatisé (IVR) -- 24 sondages, 31% -- donnent en moyenne 2.7 points de plus au PLC que les sondages WEB (n=33, 42%). De même les sondages qui combinent plus d'un mode (téléphonique + web, sms+ Web, etc.) -- n= 21, 27% -- donnent 1.6 point de plus au PLC que les sondages WEB.
Le graphique suivant montre l'évolution des intentions de vote pour le PLC selon les modes d'administration utilisés. Il montre non seulement une différence dans le niveau d'appui mais également dans l'évolution des intentions de vote.
- Comme mentionnés, les sondages web donnent moins d'appui au PLC. Toutefois, il faut aussi regarder l'évolution. Les sondages WEB (en bourgogne) montrent que le PLC aurait augmenté ses appuis jusqu'en milieu de campagne et aurait perdu ce qu'il avait gagné par la suite. Les appuis au PLC seraient juste un peu au-dessus de 40%.
- Différemment, les sondages téléphoniques automatisés (IVR) -- en rouge -- montrent une totale stabilité en début de campagne et une baisse par la suite. Selon les sondages utilisant ce mode, les appuis au PLC seraient un peu au-dessus de 42%.
- Enfin, les sondages utilisant des modes mixtes (en mauve) ne montrent aucun changement dans les appuis au PLC depuis le début de la campagne et les positionnent à un peu moins de 44%.
Bien sûr, nous avons moins de sondage pour chaque mode que pour l'ensemble, mais les tendances semblent assez claires, malgré une grande variabilité dans les estimations des diverses firmes utilisant les sondages WEB et IVR. Les trois graphiques suivants illustrent les différences en donnant l'évolution des intentions de vote selon chaque mode.
Les intentions de vote selon les sondages WEB
Selon les sondages WEB, les appuis pour les deux principaux partis sont presque à égalité. Ceci dit, ils étaient déjà très proche en début de campagne et ils se sont à peine rapprochés d'un point selon les sondages utilisant ce mode.
Les intentions de vote selon les sondages IVR
Si on regarde maintenant les sondages téléphoniques automatisés, Les appuis aux deux principaux partis se sont fortement rapprochés depuis le début de la campagne. L'écart entre ces partis serait passé de 10 points à moins de deux points dû à un gain de quatre points pour le PCC et de un point pour le NPD et à une baisse de trois points pour le PLC.
Les intentions de vote selon les sondages à mode mixte
Selon les sondages utilisant des modes mixtes, il n'y a eu aucun changement dans les intentions de vote au Canada pendant la campagne.
En résumé, selon les modes, le PLC est à 40,5% (WEB), 43% (IVR) ou 44% (Mixte) et le PCC, à 38,5% (WEB), 40% (IVR) ou 37,5% (Mixte).
En résumée
En conclusion
Nous avons la chance d'avoir plusieurs sondeurs utilisant des modes différents dans les campagnes électorales, ce qui nous permet d'obtenir des portraits parfois un peu différents des intentions de vote et ce qui permettra possiblement aux sondeurs d'améliorer leurs méthodes selon les résultats des élections. Ceci dit, les différences sont significatives mais elles ne sont pas énormes. De plus, elles dépendent normalement de facteurs que l'on pourra éventuellement mieux contrôler, soit le fait que certains types de personnes préfèrent certains modes plutôt que d'autres et qu'elles peuvent également avoir un profil socio-politique différent.
Les différences entre les modes soulignent l'importance de ne pas se fier à un seul sondage pour bien connaître les intentions de vote et à toujours se rappeler qu'"un sondage ne fait pas le printemps".
Crédit à Anthony Pelletier pour le travail d'entrée des données et de production des graphiques.
Méthodologie:
La méthodologie que j'utilise est différente de celle des agrégateurs sur deux plans. Sur les graphiques, chaque point représente une estimation de l'intention de vote faite par un sondeur, placée à la date du milieu de la période de collecte. Les lignes sont des estimations des intentions de vote utilisant la régression locale. Par contre, pour ce qui est des "tracking polls" ou sondages roulants, je les enregistre seulement une fois durant la période. En gros, si la période est de trois jours, j'enregistre les estimations une fois à tous les trois jours de façon à éviter la redondance dans les données, ce qui serait statistiquement inapproprié. Les agrégateurs ont plutôt tendance à enregistrer les estimations à chaque jour mais à leur donner un poids diminué (1/3 à chaque jour, par exemple). Par ailleurs, pour tracer les courbes d'évolution des intentions de vote, la régression locale donne moins de poids aux estimations des sondages qui sont plus loin des autres. Cette procédure permet de lisser l'évolution et de contrebalancer les sondages dont les estimations s'écartent de l'ensemble des autres.
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