Translate

mardi 4 octobre 2022

Québec 2022: lendemain d'élection

 Bonjour,

Ce message  présente une analyse de la "performance" des sondages lors de la dernière élection. J'analyse d'abord la performance globale des sondages puis je me penche sur la question des méthodes et donc des firmes puisque celles-ci ont adopté des méthodes différentes.

Le graphique montre que la performance globale des sondages, estimée à partir d'une analyse de l'ensemble des sondages, est globalement très bonne. Notons que ce type d'analyse donne un poids égal à chaque sondage, quelle que soit la taille de l'échantillon, mais qu'elle donne moins de poids aux estimations qui s'écartent significativement des autres.

En fin de course, les sondages estimaient les appuis à Québec Solidaire (QS) légèrement inférieurs à ceux du Parti Québécois (PQ), soit 14% comparé à 15%. Les résultats montrent l'inverse, soit un plus fort appui à QS. On note une légère sous-estimation des appuis à QS et une estimation parfaite des appuis au PQ. Enfin, les appuis à la CAQ, estimés à 40%,  sont légèrement sous-estimés également.

On note une surestimation du vote pour le Parti Libéral du Québec (PLQ), estimé à 16% alors qu'il a obtenu 14%, une situation historiquement rare mais... qui s'était déjà produite en 2018. On peut sans doute conclure que la situation "historique" a changé. On pourrait aussi penser que cet écart est du à une participation moindre des électeurs du PLQ, une hypothèse qui se vérifie dans plusieurs comtés remportés par le PLQ où la participation au vote est inférieure à la moyenne québécoise..

L'appui au Parti Conservateur (PCQ) est également surestimé légèrement (15% comparé à 13%). Dans ce cas, les sondages montraient les appuis en baisse au cours de la dernière semaine. On peut penser que la baisse s'est poursuivie. Il est également possible que les électeurs du PCQ votent moins.

Il demeure que l'on parle de légers écarts entre les estimations globales des sondages et le vote, avec des écarts maximaux d'environ deux pour cent.


Qu'en est-il des méthodes et des firmes?

Je m'abstiens habituellement de "personnaliser" les analyses d'autant plus que le critère d'un bon sondage est le fait que ses estimations se retrouvent à l'intérieur de la marge d'erreur. Il faut de plus se rappeler que les sondages ont une marge d'erreur ou à tout le moins un intervalle de crédibilité, terme que l'on utilise de préférence pour les sondages Web utilisant des panels de volontaires. Deux sondages dont les estimations sont à l'intérieur de la marge d'erreur ont des estimations équivalentes même si une estimation est plus proche du résultat que l'autre. C'est une question de hasard.

Quatre firmes ont publié des sondages dimanche. Deux utilisent le Web comme mode de collecte et deux sont des sondages téléphoniques automatisés, ce qu'on appelle parfois des robocalls ou IVR pour Interactive Voice Response. Les firmes se distinguent également par des sources d'échantillons différentes. Pour ce qui est du Web, par exemple, Léger utilise son propre panel alors que Research co. utilise deux sources de données avec des méthodes plus probabilistes. Pour ce qui est des sondages robotisés, Mainstreet dit utiliser sa propre base de sondage et nous avons peu d'informations sur Forum. Habituellement, comme ce sont des sondages téléphoniques, les bases de sondage sont produites par sélection au hasard des numéros de téléphone attribués.

Comme le montre le tableau suivant, les performances varient selon les partis. 


  • Deux firmes ont des estimations significativement trop basses pour la CAQ, soit Léger et Forum. 
  • Pour ce qui est de QS, un parti pour lequel il y avait une différence systématique entre Léger et Mainstreet tout au long de la campagne, c'est clairement Léger qui aura eu raison avec une estimation de 15% comparée à 12% pour Mainstreet.
  • Pour le PQ, Léger et Mainstreet sont tous les deux à l'intérieur de la marge d'erreur. Par contre, Research co. a une estimation significativement trop basse -- à 12% -- et Forum, trop haute, à 17,2%
  • Pour le PLQ, toutes les firmes surestiment les appuis, ce qui peut laisser penser que d'autres phénomènes, comme la participation des électeurs, sont intervenus. Dans ce cas, seul Léger est significativement trop élevé. 
  • Enfin, pour le PCQ aussi, toutes les firmes ont des estimations trop élevées, mais dans ce cas, Léger et Forum sont à l'intérieur de la marge d'erreur. Là encore, Léger et Mainstreet se sont distingués significativement pendant la campagne et ce sont les estimations de Léger qui sont les meilleures. On a pu penser que c'était une question de mode d'administration mais Forum, avec une mode similaire à Mainstreet, produit une très bonne estimation. 

En conclusion,

Avec quatre partis presque à égalité, le défi était important pour les sondeurs. Ils s'en sont très bien tirés en général. On peut difficilement parler de biais systématique. Les écarts que l'on note, même lorsqu'ils sont à l'extérieur de la marge d'erreur, ne sont pas importants. Par ailleurs, comme tous ces sondeurs ont fait des sondages dans les derniers jours de la campagne, ils ont pu capté de possibles changements de dernière minute, mais pas tous. Et ils peuvent difficilement prendre en compte une  participation au vote qui peut varier selon les partis.


dimanche 2 octobre 2022

Mise à jour pré-électorale

 Bonjour,

Parfois, il faut faire des analyses en utilisant la méthode "just in time", soit à la dernière minute. Trois nouveaux sondages aujourd'hui, soit un de Léger, de même que les derniers sondages de Mainstreet et de Research Co. dont les entrevues se sont terminées aujourd'hui.

Je présente les mêmes graphiques qu'hier en intégrant ces sondages.

Pour ce qui est de l'ensemble du Québec, la remontée du Parti Québécois (PQ) apparaît confirmée par les derniers sondages de même qu'une légère baisse des appuis à Québec Solidaire (QS) et au Parti Conservateur (PCQ). Par contre, les appuis au Parti Libéral du Québec (PLQ) apparaissent stables après intégration des derniers sondages. Rappelons qu'avant cette intégration, le PLQ apparaissait en montée. La stabilité de la CAQ est également confirmée.

Il reste que quatre partis sont à quasi égalité. Par contre, les différences entre les firmes demeurent. Si on tient compte uniquement des trois derniers sondages, l'estimation des appuis à QS varie de 12 pour cent (Mainstreet à 15 pour cent (Léger) et l'estimation des appuis au PQ varie de la même manière (12% pour Research co. et 15% pour Léger). Notons que ces estimations se situent quand même à l'intérieur de la marge d'erreur de ces sondages. Par contre, les estimations pour les trois autres partis sont similaires -- entre 15% et 17% pour le PLQ, entre 14% et 17% pour le PC et entre 38% et 41% pour la CAQ.


Par contre, dans la RMR de Montréal, il y a de fortes différences. On peut les attribuer en partie à des marges d'erreur plus élevées étant donné les petites tailles d'échantillon mais pas uniquement. Comme pour l'ensemble du Québec, on note une remontée du PQ, une légère baisse de QS et du PCQ et une stabilité de la CAQ et du PLQ. Par contre, les estimations des appuis à la CAQ varient de 29% (Research co.) à 40% (Mainstreet) et celles des appuis au PLQ de 20% (Mainstreet) à 26% (Léger). Pour le PCQ, on parle de 10% (Léger) , 12% (Mainstreet) et 18% (Research co.). Les écarts sont moins importants pour les autres partis. Ils sont entre autres similaires pour le PQ (12-13%).



En conclusion,

Bien que le grand gagnant est connu, cette élection sera très intéressante, du moins pour les analystes des sondages et de leur méthodologie. Comme les sondages ont été menés jusqu'à la dernière journée ou presque, ils ont normalement pu détecter les derniers mouvements. Toutefois, les recherches montrent que l'augmentation du nombre de partis augmente la fluidité du vote. On peut penser que les intentions de vote qu'il n'est pas trop difficile de passer de certains partis à d'autres en fonction d'un certain nombre de paramètres dont la situation dans le comté de l'électeur et l'importance que celui-ci ou celle-ci accorde à certains enjeux.

Certains partis sont-ils susceptibles d'être sous-estimés ou sur-estimés par les sondages? Historiquement, au Québec, le PLQ a été souvent sous-estimé. Par contre, dans plusieurs pays, les sondages ont de la difficulté à estimer les partis qui sont aux "extrêmes". Bref, au moins trois partis à surveiller, du moins pour moi.

Je ferai un bilan des sondages le lendemain de l'élection, quand suffisamment de résultats seront connus.


Au plaisir


Note: Remerciement à Shawn Leroux, qui a entré les données tout au long de la campagne.

samedi 1 octobre 2022

Québec 2022: Où en sommes-nous?

Bonjour,

Je tente de m'y retrouver dans les sondages publiés depuis les deux dernières semaines... et c'est un peu difficile.

J'ai publié cet article dans La Presse aujourd'hui :  Où en sommes-nous dans les sondages et les intentions de vote? Dans ce message de blog, je résume l'article et j'y ajoute quelques graphiques, ce qui devrait rendre les informations chiffrées un peu moins indigestes.

L'évolution des intentions de vote

Comme le montrent les graphiques suivants, les sondages laissent croire à une remontée des partis plus "traditionnels", soit le Parti Libéral du Québec (PLQ) et le Parti Québécois (PQ). Ils montrent aussi que la Coalition Avenir Québec (CAQ) aurait perdu des appuis après le débat de TVA mais les aurait regagnés après, ce qui l'amène au même niveau qu'en début de campagne, à 40%.

Par contre, le PQ a clairement haussé ses appuis de façon soutenue depuis le début de la campagne. Il serait à plus de 12% d'appuis. Pour le PLQ, il semble y avoir eu une légère baisse après le débat de TVA mais les appuis augmentent depuis et seraient à plus de 17%.  

Québec Solidaire (QS) aurait augmenté ses appuis après le débat de TVA mais  apparaît maintenant en baisse et se retrouve au même niveau que le PQ.

Les appuis au Parti Conservateur (PCQ) sont restés stables jusqu'à tout dernièrement mais sont en baisse depuis le dernier débat et maintenant moins élevés que les appuis au PLQ.

Il faut toutefois être très prudent parce que ces tendances cachent des différences importantes entre les firmes de sondage. J'aborde cette question plus loin dans le texte.


Et à Montréal?

La RMR de Montréal est la seule région où il est possible de faire des analyses fiables étant donné la taille des échantillons et les disparités entre les firmes de sondage. Le graphique suivant montre que les tendances à l'échelle du Québec apparaissent encore plus prononcées à Montréal.

Les analyses confirment que le PLQ est en remontée et que les appuis au PCQ et à QS sont en diminution. Les appuis au PQ, par contre, apparaissent relativement stables depuis le débat de TVA. Les appuis à la CAQ ont fluctué autour de 35% depuis avant les débats. Ceci amène la CAQ à 35%, le PLQ à 25% et les trois autres partis autour de 12% dans la grande région de Montréal.



Oui mais? Les différences entre les firmes

Comme le montre le tableau suivant, les différences entre les firmes sont importantes. Pour les firmes qui ont effectué un seul sondage, il faut tenir compte du moment où celui-ci a été effectué. Les sondages de Segma, Research co. et Ekos ont été effectués avant le débat de Radio-Canada. Or celui-ci semble avoir eu un impact. 

Il demeure que l'estimation des appuis à QS varie de 12% (Mainstreet) à 21% (EKOS), que celle du PC varie de 12% à 19% et que celle du PQ varie de 9% à 15%. De telles différences sont assez rares en campagne électorale. Les différences sont moins importantes - et non significatives -- pour le PLQ et la CAQ. On remarque que les différences les plus importantes se produisent pour les deux partis des "extrêmes" -- QS et le PCQ. C'est une situation qui se produit fréquemment. Les sondages ont souvent de la difficulté à rejoindre les partisans des partis les plus extrêmes. Dans le cas qui nous occupe, les firmes ont des méthodologies et des sources d'échantillon différentes de telle sorte qu'on ne peut pas vraiment attribuer les différences aux modes d'administration. De plus, il faudrait plusieurs sondages de chaque firme pour évaluer avec fiabilité la provenance des différences.


Où en sommes-nous?

Il faut rappeler qu'en 2018, 36% des répondants au sondage post-électoral que nous avions fait, mon collègue André Blais et moi-même, avaient déclaré avoir pris leur décision finale de vote durant la dernière fin de semaine ou même le jour du vote ou dans l'isoloir. Pour ce qui est de ceux qui avaient changé leur intention de vote entre le moment du sondage pré-électoral, une semaine avant la fin de la campagne, et le sondage post-électoral, la proportion allait jusqu'à plus de 70%. Les proportions sont similaires pour ceux qui étaient indécis durant la campagne et qui ont voté pour un parti.

Les intentions de vote peuvent dont encore changer en fin de campagne. Au moins trois sondages -- Léger, Mainstreet et Research co. -- seront publiés d'ici la fin de la journée demain. Je ferai donc un autre billet demain pour intégrer l'ensemble des nouvelles estimations.

mardi 27 septembre 2022

Plus ça change...

 Bonjour,

Deux sondages post-débat sont parus aujourd'hui, un de la firme Léger et le sondage roulant de Mainstreet. Les deux mêmes questions soulevées dans le message de dimanche reviennent nous hanter. Y a-t-il une différence entre les firmes? Y a-t-il une évolution des intentions de vote?

Des différences?

Les différences entre les deux firmes les plus présentes depuis août, soit Léger -- quatre sondages -- et Mainstreet -- neuf sondages indépendants (voir note 1) -- se maintiennent. Quatre points de plus pour Québec Solidaire (QS) et trois points de plus pour le Parti Québécois (PQ), en moyenne, chez Léger. Près de quatre points de plus pour le Parti Conservateur (PC) chez Mainstreet. Ces différences montent toutefois à plus de cinq points pour QS et le PC chez les francophones et dans la région de Québec. J'ai abordé les possibles raisons des différences dans mon message de blogue précédent. 

J'ajouterais qu'il y a une différence entre les firmes quant à la proportion de jeunes de 18 à 34 ans et d'allophones non-pondérés dans les échantillons, soit les proportions brutes de personnes rejointes. Évidemment, ces proportions sont ajustées par pondération et sont normalement les mêmes dans les estimations publiées. Léger a des proportions plus près de la réalité pour les jeunes (27,8% comparé à 11,2% pour Mainstreet) et pour les non-Francophones (16,8% comparé à 13,6%). L'impact possible est qu'habituellement, plus les membres d'un sous-groupe sont difficiles à joindre, moins ceux qui sont rejoints sont représentatifs de leur groupe. Ceci pourrait expliquer les différences entre les deux firmes pour ce qui est de l'appui aux partis qui sont plus populaires dans certains sous-groupes.

Est-ce que les intentions de vote changent?

Nous avons maintenant suffisamment de sondages pour estimer avec plus de fiabilité la possibilité d'un changement post débat(s). Comme l'illustre ce graphique, le seul parti qui semble avoir augmenté ses appuis est le Parti Québecois (PQ). Les appuis au PQ seraient passés de 8% en août à près de 12% au cours des derniers jours. Pendant ce temps, les appuis à la Coalition Avenir Québec (CAQ - 40%), au Parti Libéral du Québec (PLQ - 16%) et au PC (16,5%) sont stables. Les appuis à QS apparaissent fluctuants mais se retrouvent au même point qu'au début de la campagne, un peu en bas de 15%.


En conclusion

Si la vérité se situe dans la moyenne entre les différentes firmes, nous devons conclure à une relative stabilité des intentions de vote, sauf pour le PQ. Par contre, il n'y a pas suffisamment de sondages pour savoir de façon fiable que les deux firmes voient également les mêmes tendances.


Note 1: Les sondages Mainstreet sont des sondages roulants (tracking) où on collecte des données à chaque jour et on publie quotidiennement la moyenne cumulative des derniers jours (on retire les données de la journée la plus éloignée et on ajoute celles de la journée la plus récente). Les analyses statistiques doivent tenir compte de cette situation: il faut éviter un chevauchement des informations puisque les informations entrées ne seraient pas indépendantes et cela donnerait un poids trop élevé aux sondages faits par la firme. Pour éviter un chevauchement des informations, je rentre les sondages Mainstreet une seule fois par période. Au début de la campagne, la période était de quatre jours. Elle est passée récemment à trois jours.

dimanche 25 septembre 2022

Un sondage ne fait pas le printemps

 Bonjour,

 

Mise à jour: Je n'avais pas vu un sondage Research Co. effectué cette semaine. J'ai refait les analyses en intégrant ce sondage et j'ai refait les graphiques en intégrant ce sondage et le sondage de Segma Recherche. Cela n'entraîne pas de changement notable dans le graphique. Les changements sont mentionnés dans le texte. 

Ce premier message de blog de la campagne arrive un peu tard pour une raison simple: Pour analyser les sondages, il faut des sondages! Or, depuis le sondage Léger du 22 au 26 août, la semaine avant le déclenchement de la campagne le 28 août, seuls 13 sondages nationaux indépendants (voir note 1) -- incluant Research Co.-- ont été publiés. Cette situation est similaire à celle de la campagne québécoise de 2008 où le PLQ était donné gagnant. Bref, plus le gagnant est connu avec certitude, moins il y a de sondages.  

Des différences entre les firmes?

Ce message fait suite à mon article publié dans La Presse Plus mercredi: Sondages, méthodologie et intentions de vote - La Presse+ où je m'attardais à deux questions, soit l'existence de différences entre les firmes de sondage et la présence possible de mouvement. Je complète les analyses pour la période commençant fin août et en intégrant le sondage Segma publié mercredi 21 septembre et deux périodes de sondage Mainstreet (18-20 et 21-23 septembre).

Les conclusions que j'avais tirées dans cet article sur les différences entre Léger360 et Mainstreet sont confirmées avec l'ajout des nouveaux sondages. Il y a une différence systématique de quatre points pour les estimations de l'appui au Parti Conservateur du Québec (PCQ) et à Québec Solidaire (QS). Léger estime l'appui à QS à 16% en moyenne (12,1% pour Mainstreet) et le PCQ à 15% (19% pour Mainstreet). La différence d'estimation pour le PQ est toujours marginale: 11% pour Léger, 8,7% pour Mainstreet. Les différences sont particulièrement importantes dans la région de Québec, là où les tailles d'échantillons sont petites. On parle de plus de cinq points de différence pour le PC et QS.

Qu'en est-il des estimations de Segma Recherche? Cette firme utilise une méthodologie différente de celle des deux autres firmes, soit un "classique" sondage téléphonique avec interviewer. Ses estimations se distinguent par une évaluation nettement plus élevée pour le Parti Québecois (PQ) -- 2,8 points de plus que Léger et 4,9 de plus que Mainstreet -- et le PLQ -- trois points de moins que Léger et 3,3 points de moins que Mainstreet.

 Research Co. a publié un sondage du 19 au 21 septembre, donc elle aussi avant le débat. Il s'agit d'une firme de Vancouver, déjà présente en 2018, qui fait des sondages Web mais en utilisant une source d'échantillons différente de ce que fait Léger, avec des visées probabilistes. Ses estimations se rapprochent plus de celles de Mainstreet que de celles de Léger.

De nombreuses raisons peuvent expliquer ces différences. Certains se rappelleront qu'à l'époque où tous les sondages étaient fait par téléphone avec interviewer, la surestimation du PQ et la sous-estimation du PLQ étaient presque la norme. Par ailleurs, les sondages de type téléphonique automatisé ont eu tendance dans les élections américaines et australiennes à mieux estimer les appuis plus à droite mais il faut garder à l'esprit que les situations politiques sont différentes. De la même manière, particulièrement dans les premières années de leur utilisation, les sondages web ont eu tendance à surestimer l'appui à gauche mais entretemps, les firmes ont eu le temps de raffiner leurs méthodes. Il demeure que la majorité des sondages Web américains ont fortement sous estimé l'appui à Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2020. Par contre, les estimations de Léger dans cette élection étaient à l'intérieur de l'intervalle de crédibilité.

Qu'en est-il de l'évolution des intentions de vote?

Étant donné la différence marquée entre le sondage Segma et les sondages des deux autres firmes, j'ai décidé d'exclure ce sondage des analyses. Les analyses sont donc basées sur 13 sondages, huit de Mainstreet, trois de Léger, un de Segma et un de Research Co.

Le graphique montre que les appuis à la CAQ semblent relativement stables depuis le début de la campagne, autour de 40% (39,5% en moyenne). Les appuis au PLQ (17% en moyenne) et au PQ (9,7%) sont également relativement stables. Il y a eu possiblement une baisse de un demi-point pour le PLQ et une hausse de un point pour le PQ depuis le début de la campagne mais il faut attendre d'autres sondages pour en être certain d'autant plus que les firmes se contredisent sur ces estimations. De plus, il ne faut pas oublier que les sondages ne mesurent pas un possible effet du débat de Radio Canada tenu le jeudi 22 septembre.

Québec solidaire semble également ne pas avoir fait de gains au total mais ses appuis auraient fluctué -- en baisse puis en remontée. Par contre, les appuis au PC auraient possiblement augmenté d'un point et demi depuis le début de la campagne. Il faut toutefois tenir compte encore plus pour ces deux partis de la différence entre les firmes de sondage. La présence plus importante des sondages d'une firme à certaines périodes influencent les courbes. En moyenne, les appuis à QS se situent à 13,5% et ceux du PCQ à 17,7% mais en fin de parcours, ils approchent 15% pour QS et 19% pour le PCQ.


En conclusion

La prudence demande de conclure qu'il y a eu peu de mouvement dans les intentions de vote depuis le début de la campagne. L'avenir dira si le dernier débat a eu un impact substantiel sur les intentions de vote. Toutefois, dans les circonstances actuelles, il sera très important de suivre l'évolution des appuis jusqu'à la toute fin.


Note 1: Les sondages Mainstreet sont des sondages roulants (tracking) où on collecte des données à chaque jour et on publie quotidiennement la moyenne cumulative des derniers jours (on retire les données de la journée la plus éloignée et on ajoute celles de la journée la plus récente). Les analyses statistiques doivent tenir compte de cette situation: il faut éviter un chevauchement des informations puisque les informations entrées ne seraient pas indépendantes et cela donnerait un poids trop élevé aux sondages faits par la firme. Pour éviter un chevauchement des informations, je rentre les sondages Mainstreet une seule fois par période. Au début de la campagne, la période était de quatre jours. Elle est passée récemment à trois jours.


dimanche 24 avril 2022

France 2022 - Les sondages et le vote

 Bonjour,

 Un dernier court message de blog pour cette campagne. Les analyses de l'ensemble des sondages donnaient une estimation d'au plus 56% à Emmanuel Macron. Toutefois, certains sondeurs estimaient son appui à 57% et 57.5%.  Emmanuel Macron a obtenu 58.4%. Les échantillons étant très importants (de 1500 à 3100), les marges d'erreur sont très petites. Par conséquent, la majorité des estimations sont en dehors de la marge d'erreur. Toutefois,...

Le premier graphique montre la progression des intentions de vote à partir du 1er avril, soit 10 jours avant le premier tour. Il illustre bien l'écart entre les sondages et le vote. Toutefois, il faut noter que les appuis à Emmanuel Macron étaient en hausse tout au long de la dernière semaine et qu'ils peuvent avoir continuer à augmenter dans les derniers jours.



Le dernier graphique donne une idée de l'évolution des intentions de vote à partir du 1er janvier, ce qui permet d'avoir le portrait global de l'ensemble de la campagne. Les intentions de vote pour Emmanuel Macron avaient augmenté au moment de la guerre en Ukraine puis était revenues au niveau initial et avaient même baissé encore plus avant le premier tour. Il semble qu'il a réussi à regagner des appuis dans l'entre deux tours. Cette fluctuation des appuis est très différente de la campagne de 2017 alors que les appuis à Emmanuel Macron et Marine Le Pen avaient été assez stables tout au long de la campagne.

En conclusion, la performance des sondages n'est pas très différente de celle de 2017 alors que les sondages avaient sous-estimé Emmanuel Macron de près de trois points. L'écart est un peu moins important pour cette élection et pourrait être attribué à des mouvements de dernière minute. Seule une analyse post électorale conduite auprès des répondants à un dernier sondage pré-électoral pourrait permettre de valider cette possibilité.



vendredi 22 avril 2022

France, deuxième tour, c'est bouclé

 Bonjour,

 

Nous avons repéré tous les sondages qui estimaient l'appui à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen respectivement depuis le 1er janvier. Dans ce court message, j'illustre l'évolution de ces appuis depuis le 1er janvier et je fais ensuite le focus sur les sondages réalisés depuis le 1er avril.

Comme le montre le premier graphique, l'écart entre les deux candidats s'était resserré avant le premier tour. Toutefois, depuis le premier tour, l'écart s'est de nouveau creusé de sorte qu'il est estimé à au moins 10 points par tous les sondeurs sauf 1 (Odoxa) qui a fait un sondage sur une journée seulement, hier.

Si on fait le focus sur les sondages réalisés depuis le 1er avril, il est plus facile de constater que les appuis à Emmanuel Macron sont continuellement en hausse depuis le 1er tour, l'estimation de l'écart se situant à 12 points. 



En conclusion, pas de surprise à l'horizon pour le second tour. Emmanuel Macron a fait des gains d'environ trois points entre les deux tours, comme en 2017. Par ailleurs, en 2017, il avait recueilli trois points de plus que ce que les sondages lui allouaient. Il sera intéressant de voir si cette performance se répète à cette élection.