Translate

samedi 24 août 2019

Les campagnes se suivent

Bonjour,

Ce message de blogue complète l'article paru dans La Presse + ici.

Pour ce message, j'ai récupéré tous les graphiques que j'ai produits à partir des sondages réalisés pendant les campagnes électorales fédérales depuis celle de juin 2000, question de pouvoir se rappeler facilement ce qui s'est passé dans ces campagnes. J'inclus les informations pour le Canada et pour le Québec, et lorsque disponible, pour l'Ontario. Les procédures d'analyse ont varié avec le temps tout comme le type de graphique que je produisais mais les résultats de ces analyses sont sensiblement les mêmes quelle que soit la procédure. Les graphiques permettent de voir quelle a été l'évolution des intentions de vote et si les sondages ont bien prédit l'élection. Voir ma synthèse à la fin.

Je présente des élections des plus récentes aux plus anciennes.

For English speaking readers, here are the graphs that I produced for all the federal elections since the 2000 election. I do not translate everything as the graphs are usually evident enough in terms of what happened during each election and whether the polls predicted the results accurately. See my synthesis in English at the end of this message.




Élection canadienne du 19 octobre 2015





Canada: Un peu plus d'un mois avant l'élection, les trois partis sont à égalité.
Les appuis s'échangent surtout entre le PLC et le NPD. Les appuis au PCC sont pratiquement stables.
La prédiction des intentions de vote utilisant tous les sondages publiés est parfaite.


Québec: Ce n'est qu'en toute fin de campagne que le PLC dépasse le NPD dans les intentions de vote.
La prédiction finale sous-estime le PLC et surestime le PCC.


En Ontario, l'échange des appuis entre le NPD et le PLC commence dès le début de la campagne.
La prédiction est parfaite.









  Élections canadienne du 2 mai 2011



Canada: Tout comme en 2015, l'échange dans les appuis s'est fait entre le PLC et le NPD. Le PCC est demeuré presque stable.
Le PCC a été sous-estimé de près de 4 points par les sondages.

Au Québec, le NPD "rafle tout" dans les deux dernières semaines. La hausse de 23 points de ses appuis se fait au détriment de tous les autres partis.
Malgré ces mouvements importants, la prédiction des sondages est parfaite.


En Ontario, l'échange d'appuis se fait entre le PLC et le NPD. Le PCC est pratiquement stable.
Il est sous-estimé de quatre points par les sondages.









 Élection canadienne du 14 octobre 2008




Canada: Résultats:
PCC: 37,6%
PLC: 26,3%
NPD: 18,2%
BQ: 10%
Le PCC et le PLC partent à égalité puis le PCC prend de l'avance et en fin de campagne, l'écart se resserre.
Le PCC est sous-estimé d'environ quatre points.




Québec: Résultats:

BQ: 38,1%
PLC: 23,8%
PCC: 21,7%
NPD: 12,2%
En début de campagne officielle, en septembre, le Bloc et le PCC sont très proche, puis le Bloc se détache, surtout aux dépens du PCC.
Le Bloc est surestimé, le PCC sous-estimé.







Ontario: Résultats:
PCC: 39,2%
PLC: 33,8%
NPD: 18,2%
Beaucoup de mouvement avant le début officiel de la campagne, avec des échanges entre le PLC et le PCC mais intentions de vote plus stables pour ces deux partis pendant la campagne. Ils apparaissent presque à égalité dans les sondages alors qu'au final le PCC finit avec cinq points d'avance.
Le NPD est surestimé.




Élection canadienne du 23 janvier 2006






Canada: Résultats
PCC: 36,3%
PLC: 30,2%
NPD: 17,5%
Il s'agit de la seule élection avec celle de 2015 où le parti en tête en début de campagne ne termine pas en tête.
Les intentions de vote sont bien estimées.




Québec: Résultats
BQ: 42,1%
PCC: 24,6%
PLC: 20,8%
Contrairement à ce qui se passe en Ontario, les intentions de vote sont relativement stables avant  les Fêtes de fin d'année et tous les mouvements se situent en janvier. Le Bloc et le PLC perdent près de 10 points après les Fêtes, gagnés par le PCC.
Le PLC est sous-estimé, le Bloc surestimé.

Ontario: Résultats
PCC: 35,1%
PLC: 39,9%
NPD: 19,4%
En Ontario, le mouvement se fait avant les Fêtes de fin d'année. Les intentions de vote sont relativement stables après.
Le PCC est légèrement sous-estimé.

Élection canadienne du 28 juin 2004

Canada: Résultats: 
PLC: 36,7%
PCC: 29,6%
Important mouvement surtout en début de campagne.
Les sondages prédisent une lutte serrée. Le PLC termine avec sept points d'avance sur le PCC. 
Les données de l'Étude électorale canadienne montrent que les électeurs discrets et ceux qui ont changé d'avis ont voté nettement plus pour le PLC.


Québec: Résultat
BQ: 48,9%
PLC: 33,9%
Légère hausse du Bloc. Relative stabilité du PLC.
Les sondages sous-estiment un peu le PLC.







 Élection canadienne du 27 novembre 2000


 La campagne électorale pour l'ensemble du Canada montre une évolution presque stable entre le début et la fin de la campagne. Le PLC commence et termine en tête. L'Alliance Canadienne termine deuxième et le parti progressiste conservateur termine troisième. Les estimations sont dans la marge d'erreur des résultats de l'élection.



 


Synthèse:

Depuis l'élection de 2000, toutes les campagnes fédérales montrent des mouvements habituellement assez importants durant les campagnes électorales. Dans deux campagnes, celles de 2006 et 2015, le parti politique qui commence en tête ne finit pas en tête. Dans les autres campagnes, les échanges se font plutôt entre le deuxième et le troisième parti, et généralement entre le PLC et le NPD.Dans les deux élections qui se tiennent en octobre, les sondages du mois d'août ne sont pas de bons indicateurs des résultats finaux de l'élection. Les sondages de fin de campagne donnent généralement une bonne indication des résultats, sauf en 2004 (voir les commentaires à côté de chaque graphique).

Since the 2000 election, movements -- rather substantial ones --have been the norm in all the federal elections. In two campaigns, 2006 and 2015, the party who started the campaign ahead in the polls did not finish first. In the other campaigns, movements occur mostly between the LPC and the NDP. In the two elections that were held in October, the polls conducted in August are not a good indication of the final results. The polls conducted at the end of the campaigns usually give a rather good estimation of the results except for some underestimation of the CPC and sometimes of the LPC (but never of the NDP or the Bloc). There is one major exception: In 2004 the polls predicted a close race between the LPC and the CPC. The LPC finished seven points ahead of the CPC. Analyses performed on the Canadian Electoral Study data show that non-disclosers and those who changed their minds tended to vote much more for the LPC than for any other party.

mardi 2 octobre 2018

Lendemain de veille

Bonjour,

Pas possible de se mettre la tête dans le sable ce matin. Les sondages se sont trompés gravement. Le Parti Libéral du Québec (PLQ) a obtenu 25% des votes alors que les sondages lui prévoyaient un appui de 30% en moyenne.  La Coalition Avenir Québec (CAQ) a obtenu 38% soit cinq points de plus que ce que lui était prédit. Au final, la somme des erreurs pour les deux principaux partis est de 10 points, soit le même niveau que l'erreur historique des sondages en Colombie Britannique en 2013 mais quand même moins pire que l'erreur des sondages en Alberta en 2012 (17 points). Notons que dans les trois cas, les deux partis de tête sont du même côté du spectre politique ou relativement proches (Wild Rose et Parti Conservateur en Alberta, NPD et Parti Libéral en Colombie Britannique).

Le graphique montre les prédictions des sondages comparées aux résultats de l'élection. Il montre l'écart important entre les sondages et les résultats pour les deux partis de tête. Par contre, pour ce qui est du Parti Québécois (PQ) et de Québec Solidaire (QS), la prédiction est tout à fait dans la marge d'erreur.

Et les discrets?

Cette élection est sans doute la dernière où l'on aura pu parler de la sous-estimation du PLQ et de la nécessité de faire une répartition non-proportionnelle des discrets. D'une part, le PLQ n'a pas été sous-estimé. D'autre part, pour QS, en se basant sur les élections précédentes, ma répartition prédisait une surestimation et corrigeait en conséquence. Or QS n'a pas été surestimée. Ma répartition avait aussi pour effet d'accorder un plus fort appui au PQ. Là encore, ce n'était pas nécessaire. Ceci dit, comme les sondages faits par IVR (téléphone automatisé) ont très peu d'indécis, la répartition changeait surtout les résultats des sondages WEB ou WEB combiné avec téléphone.

Que penser? L'absence de surreprésentation de Québec Solidaire pointe peut-être vers une mobilisation différente de l'électorat (comme dans l'élection de Obama en 2008). Il faut se rappeler que chaque élection peut mobiliser des électeurs différents. En 2014, ce sont les non-francophones qui avaient été mobilisés par la Charte des valeurs proposée par le PQ. Cette fois-ci, on peut penser que les jeunes ont été plus mobilisés. Les analyses du DGEQ nous permettront de voir si cette hypothèse est validée. Toutefois, ces explications ne sont pas suffisantes pour expliquer l'ampleur de l'écart entre les sondages et le vote.

En conclusion

Historiquement, chaque erreur des sondages a permis de les améliorer, ceci évidemment à condition que l'on se retrousse les manches pour tenter de comprendre les raisons de l'échec, sur le plan technique et possiblement sur le plan politique. Y a-t-il eu des changements dans l'électorat dont les firmes n'ont pas pu tenir compte? Les erreurs sont-elles plus susceptibles de se produire quand deux partis sont proches? Les échantillons sont-ils représentatifs de la population socio-politiquement? Une enquête indépendante à laquelle les sondeurs collaboreraient serait certainement une bonne chose dans les circonstances. A défaut d'une telle enquête, on s'attend à ce que les sondeurs analysent la situation et nous reviennent avec leurs conclusions.

samedi 29 septembre 2018

A quoi s'attendre

Bonjour,

Ce billet complète l'article paru aujourd'hui dans La Presse + https://t.co/FFNkCNhMuq. Je présente d'abord l'évolution des intentions de vote pour l'ensemble du Québec, avec ou sans répartition non-proportionnelle des discrets, et chez les francophones. Enfin, j'aborde l'évolution par groupe d'âge.

L'évolution des intentions de vote

Même si j'utilise une méthodologie différente de celles des aggrégateurs, il y a évidemment convergence dans l'estimation de l'évolution des intentions de vote puisqu'elles sont basées sur les mêmes données de sondage.


Le graphique suivant montre l'évolution depuis le début août 2018. Il montre que les appuis à la CAQ ont chuté légèrement mais cette baisse s'est arrêtée au cours de la dernière semaine. Au final, on se retrouve avec la CAQ et le PLQ à égalité statistique.



Toutefois, nous savons depuis très longtemps que les sondages ont tendance à sous-estimer le PLQ. Depuis 2003, j'utilise une répartition non-proportionnelle des discrets où j'accorde 50% des discrets au PLQ et 25% au PQ et à la CAQ. Cette répartition a pour effet d'augmenter un peu les appuis au PLQ et au PQ et de faire diminuer les appuis à la CAQ et à QS. Depuis 2003, elle a toujours donné une meilleure estimation du vote (Je ne l'ai pas fait en 2008). Cette élection est peut-être différente mais je n'ai aucune base pour modifier la répartition que j'ai utilisée depuis 2003. Notons que cette répartition ne postule pas que les discrets se distribuent comme proposé mais qu'elle permet de compenser pour un ensemble de biais, entre autres dans l'estimation du vote des non-francophones.

Le graphique produit avec cette répartition met le PLQ très légèrement en avance sur la CAQ, tout autant à égalité statistique qu'avec une répartition proportionelle. Il sépare plus toutefois les intentions de vote pour le PQ et celle de QS, en donnant une avance plus conséquente au PQ.




Plusieurs sondeurs et commentateurs ont relevé l'importance du vote francophone. De fait, le graphique suivant montre la forte avance de la CAQ chez les francophones. Pendant la campagne, les appuis à la CAQ et au PLQ ont diminué un peu au profit du PQ et de QS.





Qui vote pour qui?

L'examen des intentions de vote par groupe d'âge est très instructif. Notons d'abord que, comme Mainstreet n'utilise pas les mêmes catégories d'âge que les autres sondeurs, il est nécessaire de faire des estimations. Je remercie Philippe J. Fournier de Qc125 pour le partage de ses estimations pour les 35 ans et +,


Les graphiques sont présentés par parti politique. D'abord, regardons les "vieux partis", le PQ d'abord puis le PLQ. On note qu'il y a peu de différences entre les groupes d'âge dans l'appui au PQ, à peine cinq points entre l'appui des plus jeunes et des plus vieux, et une évolution similaire, soit une stabilisation des appuis au cours des deux dernières semaines.



Pour ce qui est du PLQ, la situation est un peu différente. En début de campagne,  tout comme pour le PQ, il y a peu de différence dans l'appui selon les groupes d'âge. Puis le PLQ perd l'appui des jeunes et éventuellement en regagne une partie en fin de campagne. Ce qui est le plus frappant toutefois est la hausse des intentions de vote chez les 55 ans et plus au cours des derniers jours.


La situation est très différente pour les deux autres partis. D'abord la CAQ. Le graphique montre que la CAQ recueille des appuis également chez les 35-54 ans et chez les 55 ans et plus. Toutefoir, elle recueille nettement moins d'appui des 18-34 ans. Dans ce groupe d'âge, l'appui à la CAQ est de 10 à 12 points inférieure à celle des autres groupes d'âge.



La situation est à l'inverse pour QS. Les jeunes sont presque les seuls responsables de la montée des appuis à ce parti. Le parti est presque absent chez les 55 ans et plus. Chez les 35-54 ans, il a connu une légère remontée.




En conclusion

Bref, chez ceux qui ne veulent pas voter pour un des partis "traditionnels", il y a une forte séparation selon l'âge. Quel impact sur les résultats des élections? Comme je l'avais indiqué dans un tweet, sur les douze comtés qui comptent la plus forte proportion de jeunes, trois ont déjà un député de QS et quatre sont visés par ce parti (Hochelaga Maisonneuve, Laurier- Dorion, Taschereau et Sherbrooke. Il demeure toutefois que la force de la CAQ chez les francophones et chez deux des trois groupes d'âge lui donne un avantage hors centres urbains et particulièrement hors Montréal. Par contre, la remontée de l'appui au PLQ chez les 55 ans et plus et son appui chez les non-francophones peut réserver des surprises.

Toutefois, dans cette élection, les deux principaux partis sont à égalité et donc les sondages ne permettent pas de prédire les résultats de lundi. Il faut éviter de répéter l'erreur de l'élection présidentielle de 2016 où l'on avait prédit la victoire de Hillary Clinton alors qu'il y avait égalité statistique entre les deux candidats dans la très grande majorité des sondages de la dernière semaine.




Remerciements: A Luis Patricio Peña Ibarra pour une entrée des données minutieuse et constante.

vendredi 21 septembre 2018

D'ou vient le vent?

Bonjour,

Ce blogue sera surtout consacré à une analyse des sources des changements dans les intentions de vote centrée sur le vote des jeunes et le vote des francophones. Il sera précédé d'un aperçu général.

J'attendais d'avoir au moins trois sources de données différentes pour faire d'autres analyses, question de valider sérieusement ce qui se passe. C'est fait. Nous avons maintenant des Mainstreet (que j'entre dans ma base de données une fois tous les trois jours seulement pour ne pas entrer trois fois la même information), un Léger et un CROP. Que disent-ils? Certaines contradictions entre les firmes se maintiennent et il suffit de deux nouveaux sondages pour changer l'allure des courbes mais on peut néammoins se fier au portrait des évolutions jusqu'à hier (tout en gardant en mémoire que les sondages ont été réalisés avant).

Un aperçu général

Le graphique suivant montre l'évolution des intentions de vote telles que publiées par les firmes. Les firmes font toutes une répartition proportionnelle des discrets, sauf pour ce qui est du dernier sondage CROP. Tel qu'expliqué par Monsieur Giguère, CROP a estimé les intentions de vote des discrets en se basant sur les intentions de vote des répondants non discrets similaires. Les informations que nous avons sur la manière de procéder ne sont pas encore très précises mais il s'agit d'une procédure statistique connue.


Le graphique montre clairement une baisse des appuis à la CAQ au cours des derniers jours, une légère remontée du PLQ et du PQ et une certaine stagnation de QS après une bonne remontée en début de campagne. Les points représentent les estimations de chaque sondage. Le point rouge à 37% et le point bleu tout près de la courbe de QS représentent les estimations récentes de CROP pour le PLQ et le PQ. Elles présentent des valeurs atypiques par rapport aux autres firmes mais seulement pour ces deux partis. Notez que ces points n'influencent pas beaucoup les courbes étant donnée la procédure utilisée qui donne moins de poids aux valeurs extrêmes.

On note que les courbes de la CAQ et du PLQ se croise. C'est encore plus évident si on utilise une répartition non proportionnelle des discrets (que je ne présente pas dans ce message de blogue).

D'où viennent les changements?

Je présente d'abord le graphique pour Québec solidaire parce qu'il est très parlant. Le graphique montre les intentions de vote pour QS pour l'ensemble de la population (ligne orange), pour les francophones seulement (ligne rouge) et pour les 18-34 ans (ligne bourgogne), telles que mesurées par les firmes de sondage. Il montre que la hausse des appuis à Québec solidaire vient presque exclusivement du groupe des 18-34 ans. Il y a eu une forte hausse en début de campagne mais elle semble s'être essouflée depuis. Qui a perdu au profit de Québec solidaire?


On a beaucoup parlé de l'appui des jeunes au PLQ. On s'attend à ce que l'adhésion d'une partie d'entre eux à QS se soit faite au détriment du PLQ. Voici donc le graphique pour le PLQ. La ligne orange montre que, dans la première moitié de la campagne, l'appui des jeunes au PLQ a dminué substantiellement. Toutefois, il semble y avoir eu une remontée dans les deux dernières semaines, ce qui explique en partie le plafonnement de QS. Il faut également noter sur cette courbe l'absence de mouvement dans les intentions de vote pour le PLQ chez les francophones jusqu'à date, l'estimation de CROP (29%) demeurant pour le moment une valeur extrême à moins qu'elle ne soit éventuellement validée.


Voyons maintenant ce qui s'est passé pour les deux autres partis. La CAQ d'abord. Les appuis à la CAQ sont en baisse depuis le début septembre selon les sondages publiés. Les jeunes sont nettement moins nombreux à voter pour la CAQ (près de 10 points de moins que l'ensemble de la population) et il y a eu une plus forte baisse de l'appui à la CAQ dans ce groupe. Au total, la baisse des appuis à la CAQ est présente également chez les francophones, une perte d'un peu plus de cinq points en moyenne.


Pour ce qui est du Parti Québecois, il a marqué des points (5-6 points de hausse) au cours des deux dernières semaines et ceci de façon à peu près équivalente chez les francophones et chez les jeunes. Les 18-34 ans sont moins enclins à voter pour le PQ que l'ensemble de la population ou des francophones mais l'écart (2-3 points) n'est pas aussi important que pour la CAQ.

Et les jeunes, donc?

Étant donné ce que nous venons de voir, j'ai pensé faire un graphique résumant l'évolution des appuis chez les 18-34 ans. Le graphique montre bien les divers mouvements mesurés chez les jeunes. Il faut évidemment être prudents parce que les marges d'erreur sont plus importantes que pour l'ensemble de la population (de 4 à 7 points selon les sondages). Il montre nettement plus de mouvement chez les jeunes, avec en début de campagne une hausse des appuis à QS qui se fait aux dépens du PLQ, puis une baisse des appuis à la CAQ qui profitent aux trois autres partis.


Quel est l'impact? Les 18-34 ans ne représentent que le quart de l'électorat potentiel et il est réparti relativement également dans l'ensemble des comtés. L'impact de leur vote est donc restreint. Toutefois, comme je l'ai indiqué dans un tweet hier, sur les 12 comtés comprenant le plus de jeunes, trois ont déjà des députés de QS (Gouin, Mercier et Sainte-Marie-Saint-Jacques) et trois sont dans la mire de QS, soit Laurier-Dorion, Hochelaga-Maisonneuve et Taschereau).


En conclusion
Les changements dans les appuis aux divers partis ne se répartissent pas également dans les divers groupes de la population et nos analyses doivent en tenir compte. Quel impact peut avoir le vote des jeunes? Celui des non-francophones? Cela dépend de la plus ou moins grande concentration des groupes dans les comtés et de la concentration des appuis au sein des groupes. 

samedi 15 septembre 2018

Les jeunes sont-ils si différents?

Dans La Presse aujourd'hui, "Les jeunes sont-ils si différents?"

Cet article a été écrit à partir d'une présentation que j'ai faite dans le cadre du Colloque organisé par La Presse et la Chaire sur la démocratie électorale de l'Université Laval "Jeunes et politiques, amour, désamour" tenu le jeudi 13 septembre.

Voici la présentation complète pour ceux, celles qui désirent en savoir plus.









































mercredi 29 août 2018

Les sondages sont-ils bons pour les électeurs?

Bonjour,

Voici le lien à l'article publié aujourd'hui dans La Presse: Les sondages sont-ils bons pour les électeurs?

J'ajoute des liens à deux articles présentant une  partie des recherches dont je parle dans l'article
1) Durand, C., Goyder, J., Daoust, J.F. et A. Blais (2018) Qui prête attention aux sondages?
dans Options Politiques, mars 2018.
2) Durand, C., Goyder, J., Daoust, J.F. et A. Blais (2018) Les sondages influencent-ils le comportement des électeurs? dans Options politiques, mai 2018:


Au plaisir

vendredi 24 août 2018

La ligne de départ: une mise à jour

Bonjour,

Nous n'avons pas encore de sondages de campagne mais avec les derniers sondages publiés hier et aujourd'hui, il est possible de mettre à jour mes dernières analyses. De plus, j'aborde la question des différences entre les firmes dans l'estimation du vote pour le PLQ, au total et chez les non-francophones.

 Les appuis ont-ils bougé depuis janvier?

Pour répondre à cette question, j'utilise un type d'analyse plus sophistiqué (pour les geeks, régression locale dans R) de tous les sondages publiés depuis novembre 2017. L'avantage d'utiliser cette méthode est qu'elle permet de bien visualiser la marge d'erreur. Pourquoi novembre 2017? Parce que j'ai besoin de suffisamment de sondages pour réaliser l'analyse. Le premier graphique montre l'évolution des intentions de vote telles que publiées par les firmes et donc avec une répartition des discrets au prorata du vote des "indiscrets".

Le graphique montre  que, en novembre 2017, la CAQ et le PLQ étaient à égalité dans les sondages.  La montée de la CAQ s'est faite en fin d'année et au début de 2018. Depuis lors, c'est le "calme plat". Les appuis à ces deux partis n'ont pas bougé et la CAQ aurait un léger avantage.


Qu'arrive-t'il si l'on fait une répartition non-proportionnelle des discrets attribuant 50% des discrets au PLQ et 25% chacun à la CAQ et au PQ, tel que je l'ai justifié dans mon précédent message de blogue? L'évolution est la même mais elle se termine par une égalité statistique entre le PLQ et la CAQ. Notons que les appuis au PQ et à QS n'ont pas bougé beaucoup non plus. Ces partis terminent presque au même niveau qu'en novembre 2017.



La question de l'estimation du vote pour le PLQ

En examinant les divers sondages, on note deux faits intéressants. D'une part, l'estimation du vote pour le PLQ est différent selon les firmes. D'autre part, cette estimation est tributaire de l'estimation du vote des non-francophones, une estimation qui varie également selon les firmes.  Voyons d'abord l'estimation du vote total selon les firmes. Le graphique suivant montre deux différences entre les firmes. D'une part, CROP tend à estimer le vote pour le PLQ près de cinq points plus élevé que les autres firmes. Avant de crier au complot (!), notons que les quatre firmes utilisent des méthodologies différentes qui peuvent expliquer les différences d'estimations: Léger a son propre panel WEB, Mainstreet utilise des sondages téléphoniques automatisés (IVR), Ipsos combine un panel web et des sondages téléphoniques et CROP utilise un panel Web dont le recrutement est différent de celui de Léger.
Mais d'où viennent ces différences? Le graphique suivant montre les estimations du vote pour le PLQ chez les non-francophones, par firme. La question est importante puisque l'on a souvent pointé du doigt une mauvaise estimation de ce vote pour expliquer la sous-estimation habituelle du PLQ. J'ai analysé ces estimations en 2012 dans mon billet intitulé "Le paradoxe de l'anglo péquiste/caquiste". Le graphique montre que l'estimation du vote pour le PLQ chez les non-francophones varie selon les firmes. 
  • Léger a estimé ce vote entre 65% et 70% sur l'ensemble de la période, à l'exception de son dernier sondage. (62%).
  • Ipsos l'a estimé à 60%, puis à près de 75%, pour revenir autour de 60% dans son dernier sondage. 
  • Mainstreet, qui utilise la langue d'usage comme indicateur plutôt que la langue maternelle, avait des estimations similaires à celles des autres firmes jusqu'en juillet dernier (estimation à 72%). Par contre, ses derniers sondages pour Capitales Media estiment plutôt le PLQ autour de 50% chez les non-francophones (58% dans son sondage d'aujourd'hui). 
  • CROP fait une estimation relativement stable entre 70% et 75% sauf pour son sondage de juin 2017 (80%).
Qui a raison? L'élection ne permettra pas de départager pour ce qui est du vote des non-francophones mais permettra de voir jusqu'à quel point le PLQ est ou n'est pas sous-estimé.


En conclusion 
 
En 2014, beaucoup de mouvement avait pris place dans les six mois précédant l'élection. Et d'autres mouvements, en sens inverse, s'étaient produits pendant la campagne. Cette campagne-ci est différente puisqu'elle commence comme si les partis étaient alignés sur la ligne de départ depuis déjà huit mois, ce qui peut sans doute être attribué à la nouvelle donne des élections à date fixe.