Mise à jour: Le sondage Forum était là mais personne n'avait tweeté l'information, j'ai donc refait les analyses en intégrant le dernier sondage Forum.
Si la tendance se maintient,... y en aura pas de tendance... ou si peu! Toutes mes analyses montrent que c'est le calme plat, sauf pour une montée faible mais significative de la CAQ au total et une baisse équivalente mais significative du PQ chez les francophones. Et donc, calme plat seulement pour le PLQ.
Voici le portrait de l'évolution des intentions de vote pour l'ensemble de la population. Ces estimations sont faites à partir de tous les sondages effectués par les trois firmes à partir du 7 août 2012. Les sondages de Forum research n'ont pas été corrigés pour qu'ils reflètent la bonne proportion de francophones. Si tel était le cas, cela aurait pour effet d'augmenter l'intention de vote pour le PLQ et de faire baisser celle des deux autres partis. Notons que, comme il n'y a que 12,6% de non francophones dans le dernier sondage de Forum et que la firme ne pondère toujours pas en fonction de la langue, ceci explique la différence entre leur dernier sondage et le précédent. Si la firme tenait compte de la langue, l'estimation de l'intention de vote pour le PLQ serait à 34,8 comme pour trois des 4 derniers sondages (le dernier aurait donné 36,4).
Le graphique montre que les intentions de vote pour le PLQ et le PQ sont à égalité, après répartition non proportionnelle des discrets. Il montre aussi une tendance à la hausse pour la CAQ (+0,14 par jour), qui serait passée de 24,1% à 26,9% en trois semaines. Le PLQ serait à 28,6 et le PQ à 32,7%, une différence presque significative mais qui est influencée par le dernier Forum qui est, comme on l'a vu, biaisé par un pourcentage trop faible de non francophones. Avant l'entrée du Forum, on a le PLQ à 29,6 et le PQ à 31,3.
Et les francophones?
Comme beaucoup rappellent l'importance du vote chez les francophones, j'ai estimé les intentions de vote chez les francophones en faisant une répartition non proportionnelle des discrets, soit 50% au PLQ, 25% au PQ et 25% à la CAQ en présumant que la proportion de discrets était la même que pour l'ensemble de la population. Selon les informations qui m'ont été fournies, cela surestime un petit peu la proportion de discrets puisqu'il y a un peu plus de discrets chez les non-francophones mais l'impact est minime au total.Les estimations des firmes diffèrent. Après répartition non proportionnelle des discrets, Léger donne 4 points de moins au PLQ que Crop et 6 points de moins que Forum dans son dernier sondage. Léger donne également 3 points de plus au PQ que les deux autres firmes. Ces différences peuvent provenir des méthodologies. Je fais des analyses en ce moment pour voir ce qui distingue les firmes à un niveau plus fin. Je devrais revenir sur cette question dans un prochain message.
Il y a une baisse significative du PQ chez les francophones (-0,14 par jour), à peu près équivalente à la hausse de la CAQ au total. Il n'y a pas d'évolution significative des intentions de vote pour le PLQ et la CAQ. L'estimation actuelle serait que le PQ est à environ 35%, la CAQ à environ 28% et le PLQ à 27%.
Commentaire:
Si les élections qui se suivent se ressemblaient, cette élection pourrait ressembler à celle de l'Alberta en 2012 ou à celle du Québec en 1998, des élections où les sondages ne montraient pas une forte évolution des intentions de vote pendant la campagne et où, au final, les résultats ont fait mentir les sondeurs. Elle pourrait toutefois ressembler aussi à celle de 2007, où l'ADQ avait fini par rattraper le PQ permettant l'élection d'un gouvernement libéral minoritaire mais il semble qu'il manque de temps pour ce faire. Elle pourrait tout autant sinon plus mener à un gouvernement péquiste minoritaire.Une chose est certaine, cette campagne ne ressemble pas à celles de 2003 au Québec où les intentions de vote pour le PLQ s'étaient "envolées" à partir de la mi-campagne ni aux élections fédérales de 2011 au Québec où la même chose s'était produite pour le NPD.
Merci de cette analyse intéressante que vous avez fait parvenir a Genevieve Sansone. Toutefois je ne comprends pas la logique de cette répartition non proportionnelle. Car en définitive les prédictions deviennent alors une fonction de cette répartition. Je présume par exemple qu’une allocation de 50% au PLQ et de 25% aux deux autres est basée sur une expérience passée.
RépondreEffacerSerge Gracovetsky
gracovetsky@videotron.ca
Effectivement, l'allocation de 50,25,25 est basée sur des analyses empiriques. Les premières allocations non proportionnelles étaient plutôt de 60% au PLQ, 30% au PQ et 10% à l'ADQ. Elle avait été suggérée par Pierre Drouilly. En 1998, on avait quand même fortement sous estimé le PLQ en utilisant une telle répartition.
RépondreEffacerJ'ai modifié pour 50,25,25 à partir de l'élection de 2003. Cela donne d'assez bons résultats. En 2007 toutefois, il y avait eu sous estimation de l'ADQ avec cette répartition.
Les firmes quant à elle ont cessé de faire une répartition non proportionnelle quand les trois partis se sont retrouvés à égalité (en 2002 je crois).
Je peux voir qu’une régression faite sur les prédictions et corrigée une fois les élections faites puisse donner ce genre de coefficient. Ceci me rappelle le correcteur statistique du filtre de Kalman utilisé entre autres pour la navigation du gros porteur militaire C5A des années 70. Mais la question demeure : Pourquoi donc les discrets du PLQ sont-ils plus discrets que ceux du PD ou la CAQ. Psychologie 101 ?
RépondreEffacerPa exemple, est-il raisonnable de dire que les discrets du PLQ ne sont pas, dans une certaine mesure, particulièrement fiers d’appartenir à ce parti politique ? Ou alors faut-il avoir une psychologie différente pour appartenir à un bord plutôt qu’à un autre ? Je n’avais jamais pensé à cela auparavant.
Serge Gracovetsky
gracovetsky@videotron.ca
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et la répartition proportionnelle vise à compenser pour l'ensemble de ces facteurs d'une certaine manière. Il y a deux facteurs majeurs.
RépondreEffacer1)Le PLQ a un électorat en moyenne plus âgé qui a plus tendance à refuser de révéler son intention de vote ou même d'être rejoint par les sondeurs (ceux qui vivent en résidence, les personnes âgées seules plus craintives, etc.)
2) La spirale du silence: L'image du PLQ semble plus malmenée dans les médias que celle des autres partis (en 2007, c'était plutôt la CAQ). La théorie de la spirale du silence dit que, plus un parti est impopulaire publiquement, moins ses partisans tendront à révéler leur intention de vote. C'est ainsi que les partisans de l'extrême droite en Europe par exemple sont toujours fortement sous représentés dans les sondages.
Dans le cas présent, il y a une corrélation négative forte entre la proportion de discrets dans les sondages et l'intention de vote pour le PLQ.
J'ajouterais que les non francophones, plus souvent partisans du PLQ sont aussi plus difficiles à rejoindre et ceux qui sont rejoints ne sont pas nécessairement représentatifs. Voir mon billet sur le paradoxe de l'anglo péquiste.
RépondreEffacerIntéressant. Autrement dit, il devrait être possible de calculer les paramètres de distribution non proportionnels en fonctions de mesures réelles.
RépondreEffacerCeci me rappelle la théorie des observateurs de Luenberger des années 60 ou la question fut de déterminer à quelles conditions un system est observables, en opposition à un system contrôlable. Ce que vous voulez est de transformer l’électorat en un système observable, alors que les politiciens tentent de le transformer en un système contrôlable.
Ces théories mathématiques furent mises au point lors de la course vers la lune. J’y ai passé le plus clair de mon temps à en analyser les facettes pour ma thèse de Ph.D à l’université de Colombie britannique en 1970.
Serge Gracovetsky
gracovetsky@videotron.ca