jeudi 3 avril 2014

Où en sommes-nous: les discrets, les francos.

Bonjour,

Cette campagne est finalement pleine de rebondissements. Je n'ai pas écrit beaucoup parce que je manquais dramatiquement de matériel (sondages). Dès le début de la campagne, je me suis posée la même question qu'en 2012: Les sondages sont-ils susceptibles de sous-estimer le PLQ? En début de campagne, la réponse à cette question était relativement claire puisque, lorsqu'une victoire du Parti Québécois apparaît possible, la sous-estimation du vote pour le PLQ est presque automatique.

Qu'en est-il maintenant? Voyons d'abord l'évolution des intentions de vote depuis janvier, telles que publiées. Je n'ai pas fait d'analyses statistiques parce que je considère qu'il n'y a pas assez de sondages pour le faire. Il s'agit donc simplement de courbes lissées à partir des résultats des divers sondages (les points sur le graphique).



Au moment du déclenchement de la campagne, le PLQ et le PQ apparaissaient à égalité dans les sondages alors que la CAQ était loin derrière. La première phase de la campagne a amené le PLQ à monter aux dépens du PQ. Les derniers sondages attestent d'une stabilisation des intentions de vote pour le PLQ, d'une poursuite de la baisse des intentions de vote pour le PQ et d'une remontée de la CAQ. Cette évolution amènerait le PLQ à 40%, le PQ à 29% et la CAQ à 19%.

Ces estimations sont-elles biaisées?
Lors des élections précédentes, j'ai fait des estimations avec une répartition non proportionnelle des discrets (incluant tous ceux qui ne révèlent pas une intention de vote) qui attribuait 50% de ces derniers au PLQ, 25% au PQ et 25% à la CAQ. Aucun discret n'est attribué aux petits partis. Entretemps, mes recherches ont montré que, outre le vote des discrets eux-mêmes, deux facteurs supplémentaires pouvaient expliquer la sous-estimation du vote PLQ. D'une part, la participation des électeurs du PLQ est plus forte lorsque des enjeux les mobilisent. L'enjeu habituel est la peur d'un gouvernement majoritaire du Parti Québécois et d'un éventuel référendum. A cet enjeu s'est ajoutée la mobilisation des opposants à la Charte. Il est donc plausible de penser que les électeurs du PLQ se mobiliseront plus que d'habitude. Par ailleurs, d'autres recherches ont montré une tendance des électeurs qui votent pour les partis susceptibles de prendre le pouvoir à aller voter plus que les autres. Cette tendance avantage le PLQ à ce moment-ci de la campagne.

D'autres facteurs sont susceptibles d'entraîner une sous-estimation du PLQ et de la CAQ, soit le fait que la plupart des sondages sont des panels WEB et que ces derniers surestiment très fréquemment la gauche (même si cela ne s'est pas encore produit dans les élections québécoises). De plus, en 2007, l'ADQ avait été sousestimée. La répartition non proportionnelle que je propose permet également d'accorder un peu plus de vote à l'ADQ.


Ceci dit, étant données les intentions de vote actuelles, la répartition non proportionnelle des discrets proposée change peu de choses. Elle donne un peu plus de points au PLQ et à la CAQ aux dépens du PQ. Voici le graphique.


Le PLQ se retrouverait donc à 41%, le PQ à 28% et la CAQ à 20%. Lorsque j'entre ces chiffres dans le simulateur de "Si la tendance se maintient", j'obtiens 74 sièges au PLQ, 44 au PQ, 5 à la CAQ et 2 à Québec solidaire.  Il reste à voir le dernier Léger et, qui sait, un sondage Forum. Je referai l'exercice lorsque ces résultats paraîtront.

Le vote des francophones

Un dernier mot sur les "francophones". J'ai eu des nombreuses discussions sur ce qui apparaît comme des estimations contradictoires ou à tout le moins des surprenantes du vote des francophones. Il faut d'abord noter que le terme "francophones" ne veut pas nécessairement dire la même chose selon les firmes. Pendant longtemps, CROP utilisait la langue d'usage alors que Léger se fiait plutôt sur la langue maternelle. Les deux firmes utilisent maintenant la langue maternelle. Les firmes ontariennes quant à elles ont souvent utilisé la langue d'entrevue et ne font généralement pas de pondération ou de correction pour que la proportion de francophones soit bien représentée dans les sondages ce qui les a souvent amenées à surestimer les intentions de vote pour le PQ ou le Bloc.

Dans les circonstances, si on met les estimations du vote des francophones de toutes les firmes ensemble, on obtient des estimations variables. Toutefois, ces estimations varient surtout pour le PLQ alors qu'elles sont relativement cohérentes pour les autres partis. Ceci peut refléter la difficulté d'avoir une bonne estimation du vote PLQ chez les francophones étant donné la concentration régionale de ce vote.


Il demeure que le graphique illustre la tendance à une chute des intentions de vote pour le PQ après le "sursaut" de février et à une hausse des intentions de vote pour le PLQ. Les intentions de vote pour la CAQ quant à elles ont d'abord diminuées. Elles sont en remontée depuis deux semaines, ce qui permet à la CAQ de revenir à son niveau du début de janvier.



Au plaisir

5 commentaires:

  1. Bonjour Madame ! J'ai entendu ce matin, RMartineau déclaré que le sondage actuel ne respectait pas le critère régional des autres maisons. Il a dit ''d'ordinaire les sondés du 514 parvenaient à hauteur de 40% et de 60% pour le reste du territoire québécois. (http://saguenay.radiox.com/accueil à 9 minute 40 secondes.) il poursuit : Celui-ci a fait le contraire. '' Ma question si vous me le permettez est celle-ci : Si RMartineau dit vrai, est-ce que la CAQ gagnerait plus de points si le sondage avait été semblable aux autres maisons comme Léger par exemple. Merci

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  2. Monsieur Martineau ne connaît rien à la pondération. Dans les résultats publiés pour le total, c'est redressé pour que ça respecte la bonne proportion. Tous les sondeurs font ça. Il n'y a aucune préoccupation à avoir là-dessus.

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  3. Percevez-vs une similitude entre le balayage orange et une montée possible de la CAQ ? Merci bien !

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  4. Pas vraiment. Il faudrait que la montée de la CAQ ait commencé plus tôt.
    Au plaisir

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  5. La presse http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2014/201404/04/01-4754398-des-lendemains-incertains-pour-pauline-marois.php

    Merci bp !

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