Voici où on en est dans l'analyse de l'évolution des sondages réalisés depuis le 16 mars.
Il y a quatre nouveaux sondages entrés dans la base de données depuis les analyses de jeudi dernier, un de Nanos (téléphonique roulant), un de Ipsos-Reid (téléphonique), un de Ekos et un de Forum research, ces deux derniers utilisant le téléphonique automatisé. Le sondage de Forum et celui d'Ekos ont toutefois été fait avant jeudi dernier mais n'étaient pas publiés au moment des dernières analyses.
Voici les résultats pour le Canada:
Les tendances observées lors des dernières analyses se poursuivent.
- L'évolution pour le PC est en forme de cloche (composante quadratique pour les spécialistes), comme on peut le voir sur le graphique, ce qui amène à estimer l'intention de vote pour le PC maintenant à 35,8%
- L'évolution pour le PLC est toujours en forme de poisson (cubique pour les spécialistes), soit une baisse compensée d'abord puis une nouvelle baisse, récente. Ceci amène à estimer le PLC à 23,7%
- L'évolution pour le NPD est aussi en forme de poisson mais à l'inverse de celle du PLC. Le NPD est clairement en hausse et se situerait à 27,3%
- Enfin, le Bloc est en baisse constante. Nous reviendrons à ses intentions de vote en parlant du Québec.
- A noter que les analyses ne montrent aucun effet des débats, une fois modélisé l'effet du temps. Il est toutefois difficile de différencier ce qui relève de l'évolution "normale" de ce qui relève d'un possible impact du débat lorsque les évolutions se situent à la même période. Toutefois, nous avons toujours vérifié la possibilité d'un effet débat indépendamment du temps. Les modèles présentés sont les "meilleurs" modèles pour expliquer les données.
Et pour le Québec:
Évidemment, ces résultats sont influencés par le denier sondage Ekos. Toutefois, Forum Research mettait aussi le NPD en avance sur le Bloc mercredi dernier et Ipsos-Reid les mettait à égalité. Les sondages ne montrent donc pas encore une stabilisation des intentions de vote au Québec.
- Les modèles ne montrent aucun effet du temps significatif pour le PLC. C'est la ligne droite. Le PLC serait à 16,6%.
- Pour ce qui est du PC, l'effet du temps donne une évolution en forme de poisson soit une baisse compensée suivie d'une nouvelle baisse. Le PC serait à 14,5%.
- Le Bloc perdrait ,2 point par jour depuis le 16 mars et se pertes se seraient accélérées depuis le débat (effet débat significatif avec composante quadratique du temps pour les spécialistes). Il se situerait à 25,8%.
- Enfin, le NPD a une évolution positive qui s'est accélérée dernièrement (composante quadratique positive significative). Il se situerait à 35,1%.
- Ces analyses ne laissent pas encore entrevoir un arrêt de la chute du Bloc ou de la montée du NPD.
- - Par rapport à jeudi dernier, Les estimations donnent le Bloc à environ 5 points de moins et le NPD à trois points de plus.
- Notons toutefois qu'il y a des différences significatives entre les firmes pour ce qui est de l'estimation de l'intention de vote pour le NPD. Par contre, pour le Bloc, les estimations se situent à l'intérieur de la marge d'erreur.
Et maintenant, l'Ontario:
- Le graphique illustre bien l'absence d'évolution avec le temps pour ce qui est du PC. Il serait à 41%
- L'évolution pour le PLC est en forme de cloche. Après une remontée significative, le PLC a entamé une descente récemment. Il serait à 31,7%.
- L'évolution pour le NPD peut être modélisée de deux manières, soit avec un effet du temps s'accélérant récemment soit avec un effet du temps positif mais seulement depuis le débat. Nous avons choisi ce dernier modèle qui est le meilleur et le même que celui présenté jeudi dernier. Le NPD serait à 20,1%, quelle que soit la modélisation choisie.
- Par rapport à jeudi dernier, le PLC se situe à environ 3 points de moins et le NPD à trois points de plus.
En conclusion:
Bien sûr, avec de telles évolutions, on doit être prudent. Toutefois, l'ajout de quatre nouveaux sondages n'a pas beaucoup changé les estimations pour l'ensemble du Canada sinon pour une hausse de près de quatre points du NPD aux dépens du PLC surtout. Une telle évolution rappelle celle de 2005-2006 qui avait "propulsé" les Conservateurs devant les Libéraux et fait perdre au Bloc près de 9 points en fin de campagne (voir référence plus loin).
Les sondages se trompent-ils? Lorsque les sondages se trompent, habituellement c'est en faveur de la gauche et en défaveur de la droite, ce qui signifie que les partis les plus susceptibles d'être surévalués en ce moment sont le NPD et le Bloc et ceux qui sont les plus susceptibles d'être sous évalués sont les Libéraux et les Conservateurs.
Un peu d'histoire
Pour la petite histoire, cette campagne ressemble énormément, côté sondages, à celle de 2005-2006 mais "à l'inverse". En 2006, c'était le calme plat au Québec jusqu'à ce que ca se mette à bouger sérieusement en Ontario. Après, ca a été la "dégringolade". Les Conservateurs, cette fois-là, se sont mis à monter, le PLC s'est retrouvé en chute libre et le Bloc a perdu des appuis (9% entre le deuxième débat en français et l'élection. Le PLC avait commencé sa descente bien avant le débat.
Au Québec, les sondages avaient surévalué l'appui au Bloc et sous-évalué significativement l'appui au PLC.
En Ontario, les évaluations étaient généralement à l'intérieur de la marge d'erreur. Voici l'analyse des sondages ce cette campagne:
http://www.mapageweb.umontreal.ca/durandc/Recherche/Publications/La_campagne_de_2005-06_racontee_par_les_sondages.pdf
Note méthodologique:
Quelle différence entre les analyses présentées sur ce blogue et celles de "308", par exemple. Les analyses faites par 308 sont des moyennes pondérées selon divers facteurs relatifs à la taille des échantillons, au temps, à la performance passée des sondeurs. Les analyses faites pour ce blogue sont des estimations statistiques (modèle ARIMA, pour les spécialistes) de l'évolution des intentions de vote, basées sur les moyennes quotidiennes des estimations des sondages qui sont réalisés à chaque jour. Ces estimations permettront de faire une "prédiction de jour de vote" à la fin de la semaine. Ces prédictions "toutes choses égales par ailleurs" sont toutefois d'autant plus fiables que l'évolution du vote est stable (désarroi de l'analyste...). La marge d'erreur des séries augmente avec l'instabilité des intentions de vote.
Au plaisir
Bravo! Une analyse très intéressante que j'aimerais lire plus fréquemment dans les journaux.
RépondreEffacerJusqu'à quel point la publication des sondages peut influencer l'évolution du vote et provoquer un emballement? Est-ce que la publication d'un premier sondage présentant une hausse du NPD dans les intentions de vote a pu mettre en confiances les électeurs réticents de voter pour un parti ayant initialement peu de chances d'être élu dans leur comté?
S'il n'y avait eu qu'un sondage jeudi de la semaine dernière annonçant une hausse des intentions de vote du NPD, peut-être mais finalement, trois sondages le même jour avec trois méthodologies différentes qui disent la même chose signifie que la hausse était commencée avant la publication des sondages. Est-ce que ca a encouragé la poursuite de la hausse? Autre question... Sans doute.
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